Pour vivre plus longtemps, soulevez de la fonte !
C’est, en substance, la conclusion d’une nouvelle étude menée par des chercheurs brésiliens, et présentée mi-avril à Europrevent 2019, le congrès de la Société européenne de Cardiologie qui se déroulait à Lisbonne. Selon ses auteurs, augmenter sa puissance musculaire permettrait d’allonger son espérance de vie. Mais encore faut-il se concentrer sur les bons exercices…
"Se lever d'une chaise dans la vieillesse et donner un coup de pied à un ballon dépend plus de la puissance musculaire que de la force musculaire, mais la plupart des exercices de port de poids se concentrent sur cette dernière", explique le professeur Claudio Gil Araújo, directeur de la recherche et de l'éducation à Clinimex, une clinique de médecine sportive située à Rio de Janeiro, Brésil. "Notre étude montre pour la première fois que les gens qui ont plus de puissance musculaire ont tendance à vivre plus longtemps."
Une puissance musculaire qui doit s’entretenir
Selon les auteurs de l’étude, il est important de différencier force et puissance musculaire. Celle-ci repose sur deux éléments : la force et la vitesse, qui sont générées lors de la coordination des mouvements. Par exemple, soulever un poids une fois demande de la force, mais le soulever plusieurs fois le plus rapidement possible requiert de la puissance. Monter un escalier nécessite aussi de la puissance tandis que tenir ou pousser un objet lourd (par exemple une voiture lorsque la batterie est à plat) nécessite au contraire de la force.
"L'entraînement motorisé s'effectue en trouvant la meilleure combinaison de vitesse et de poids à soulever ou à déplacer. Pour l'entraînement de force au gymnase, la plupart des gens pensent simplement à la quantité de poids soulevée et au nombre de répétitions sans faire attention à la vitesse de l'exécution. Mais pour des résultats optimaux d'entraînement de puissance, vous devriez aller au-delà de l'entraînement de force typique et ajouter de la vitesse à vos levées de poids", poursuit le professeur Araújo.
Cette puissance musculaire diminue progressivement avec l’âge, notamment après 40 ans. Selon les auteurs, cette perte de puissance musculaire est fortement liée à la mortalité toutes causes confondues. Il est toutefois possible d’avoir un meilleur taux de survie en entretenant cette puissance musculaire.
Un risque de décès 10 à 13 fois supérieur
Pour étudier cette corrélation entre puissance musculaire et espérance de vie, les chercheurs ont recruté 3 878 non-athlètes âgés de 41 à 85 ans qui ont subi un test de puissance musculaire maximale en faisant un exercice de tirage vertical entre 2001 et 2016.
Les chercheurs ont déterminé la puissance musculaire maximale de chaque participant en prenant la valeur la plus élevée qu'ils aient obtenue en deux ou trois tentatives d’augmentation de poids, puis en calculant l’effort énergétique par kilogramme de poids.
Ils ont ensuite séparé les participants en quartiles en fonction de leur puissance musculaire maximale, le quartile faible contre le quartile élevé. Ils ont également analysé les participants séparément en fonction de leur sexe.
L'équipe a suivi les participants pendant en moyenne six ans et demi après cette mesure initiale, au cours de laquelle 247 hommes et 75 femmes sont décédés. Les chercheurs ont constaté que les personnes dont la puissance musculaire était supérieure à la médiane pour leur sexe avaient des taux de survie supérieurs à ceux des quartiles inférieurs.
Dans le détail, les chercheurs ont constaté que les participants du premier quartile présentaient un risque de décès 10 à 13 fois plus élevé que ceux des quartiles trois et quatre, tandis que le risque des participants du deuxième quartile était toujours quatre à cinq fois plus élevé.
Selon le professeur Araújo, il s’agit de la première étude à s’intéresser spécifiquement au lien entre puissance musculaire et espérance de vie. D’autres travaux, eux, avaient plutôt mis en lumière les avantages d’une augmentation de la force musculaire pour vivre plus longtemps.
Désormais, les recherches des scientifiques se concentrent sur le lien entre la puissance musculaire et des causes spécifiques de décès, notamment les maladies cardiovasculaires et le cancer. "Les médecins devraient envisager de mesurer la puissance musculaire de leurs patients et leur conseiller de s'entraîner davantage", recommande le professeur.