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Intelligence artificielle

Un logiciel capable de diagnostiquer le stress post-traumatique à la voix

Par Charlotte Arce

Des chercheurs ont conçu un logiciel informatique capable d’analyser la voix d’anciens combattants afin de déterminer s’ils souffrent du syndrome de stress post-traumatique.

monsitj/iStock
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Notre voix peut-elle révéler notre passé douloureux, nos traumatismes et nos angoisses ? Selon une nouvelle étude, elle peut au moins aider au diagnostic d’un trouble mental répandu chez les anciens combattants : le syndrome du stress post-traumatique (SSPT).

Les auteurs de ces nouveaux travaux, publiés en ligne dans la revue Depression and Anxiety affirment en effet être parvenus à mettre au point un programme informatique capable de diagnostiquer avec une précision de 89% le SSPT en analysant simplement la voix.

"Nos résultats suggèrent que les caractéristiques basées sur la parole peuvent être utilisées pour diagnostiquer cette maladie, et qu'avec plus de raffinement et de validation, elles pourraient même être utilisées dans la clinique dans un avenir proche", affirme Charles R. Marmar, directeur du département de psychiatrie à l'École de médecine de NYU et auteur principal de l’étude.

Un trouble qui touche 1 personne sur 10

Touchant environ un Français sur dix, le syndrome de stress post-traumatique désigne un ensemble de réactions survenant chez des personnes ayant vécu un événement traumatisant. Parce qu’elles ont vu leur intégrité physique ou psychologique menacée ou atteinte, les victimes d’attentats, de torture, de viol, d’accident grave, d’agression ou encore les anciens combattants sont particulièrement touchés par cet état. Revivant encore et encore le traumatisme qu’elles ont subi, les victimes de stress post-traumatique peinent souvent à se reconstruire et éprouvent une détresse persistante lorsqu’on leur rappelle un événement déclencheur.

Selon les auteurs de cette nouvelle étude, diagnostiquer un SSPT peut être compliqué : il est le plus souvent déterminé par une entrevue clinique ou une autoévaluation, qui comportent toutes les deux des biais. Pour faciliter le diagnostic, ils ont donc misé sur l’intelligence artificielle, et plus particulièrement sur une technique d'apprentissage statistique/machine appelée "forêts aléatoires" et qui a la capacité d'apprendre "à classer les individus à partir d'exemples.

Une analyse systématique des caractéristiques vocales

Les chercheurs ont d'abord enregistré des entrevues diagnostiques d'une durée d'une heure auprès de 53 anciens combattants irakiens et afghans atteints du SSPT lié au service militaire, ainsi qu'auprès de 78 anciens combattants non atteints de la maladie. Les enregistrements ont ensuite été introduits dans le logiciel vocal de SRI International pour produire un total de 40 526 fonctions vocales capturées par de courtes poussées de conversation, que le programme d'IA de l'équipe a passées au crible.

Les chercheurs ont ensuite utilisé le programme informatique pour établir un lien entre des modèles de caractéristiques vocales particulières et le syndrome de stress post-traumatique. Deux caractéristiques ont été particulièrement étudiées : une parole peu claire et un ton métallique sans vie, car toutes deux ont longtemps été signalées comme le signe d’un SSPT.

"Le logiciel analyse les mots - en combinaison avec la fréquence, le rythme, le ton et les caractéristiques articulatoires de la parole - pour déduire l'état de l'orateur, y compris les émotions, les sentiments, la cognition, la santé, la santé mentale et la qualité de communication", explique Adam Brown, professeur adjoint au Département de psychiatrie de la NYU School of Medicine et co-auteur de l’étude.

À l'avenir, l'équipe de recherche souhaiterait pousser davantage le logiciel afin de l’utiliser systématiquement comme outil clinique pour diagnostiquer le syndrome de stress post-traumatique. Les chercheurs souhaiteraient d’ailleurs le convertir en application pour smartphone. "Bon marché, utilisable à distance et de manière non-intrusive", une telle application permettrait un diagnostic plus précoce, et donc une meilleure prise en charge des personnes souffrant de SSPT.