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Découverte scientifique

Alzheimer : le cholestérol pourrait être le précurseur de la dégénérescence cérébrale

Par Johanna Hébert

Alors que nous savons désormais que la maladie d’Alzheimer se manifeste à cause de la formation de plaques amyloïdes dans le cerveau, des chercheurs américains ont établi un lien intéressant avec le cholestérol.

ChrisChrisW / istock

Aujourd’hui dans le monde, 50 millions de personnes vivent avec la maladie d’Alzheimer. Aux Etats-Unis, on considère qu’une personne développe la maladie toutes les 65 secondes. Avec, à terme, des problèmes de mémoire, de réflexion et de comportement.

Il y a plus de cent ans, Alois Alzheimer, psychiatre allemand, a découvert pour la première fois la présence de plaques séniles dans le cerveau d’un patient atteint de la maladie. Ce premier pas a ensuite conduit à la découverte d’une protéine précurseur de l’amyloïde, formant des dépôts et des plaques dans le cerveau. Ces plaques sont considérées comme les coupables de la dégénérescence cérébrale et de la maladie d’Alzheimer. Depuis, un certain nombre d’études se sont penchées sur cette protéine précurseur de l’amyloïde, mais la manière dont elle s’installe sur les neurones et sa fonction restent encore floues.

La maladie d’Alzheimer a un lien avec le cholestérol

Des chercheurs du Brain Institute de la Florida Atlantic University (Etats-Unis) ont tenté de répondre à une question : la protéine précurseur de l’amyloïde est-elle le cerveau derrière la maladie d’Alzheimer, ou plutôt un simple complice ? Les résultats de leur étude sont publiés dans la revue Neurobiology of Disease.

Le point de départ de leurs travaux est un constat : la maladie d’Alzheimer a un lien avec la génétique. Généralement, le facteur de risque génétique le plus courant est une protéine qui intervient dans le transport du cholestérol, et non la protéine précurseur de l’amyloïde. De plus, certains essais cliniques ont tenté de traiter la maladie d’Alzheimer en réduisant la formation de plaques amyloïdes et ces derniers ont échoué.

Si le cholestérol est néfaste pour la santé lorsqu’il est en trop grande quantité dans le sang, il joue un rôle crucial dans le cerveau. Il permet en effet la connexion entre les neurones, ce qui est nécessaire à la mémoire et l’apprentissage. Cependant, lors qu’il y en a trop, il pourrait aussi favoriser la maladie d’Alzheimer.

La protéine précurseur de l’amyloïde entrainerait une carence en cholestérol

Ainsi, les chercheurs ont volontairement perturbé l’interaction entre le cholestérol et la protéine précurseur de l’amyloïde. Ils ont constaté qu’étonnamment, en désengageant les deux, cette manipulation perturbait la circulation de la protéine liée à l’amyloïde, mais nuisait également à la distribution du cholestérol à la surface des neurones. Les neurones avec une distribution volontairement modifiée du cholestérol présentaient des synapses gonflées, des axones fragmentés ainsi que d’autres signes de neurodégénérescences.

"Notre étude est intrigante car nous avons remarqué une association particulière entre la protéine précurseur de l’amyloïde et le cholestérol, qui réside dans la membrane cellulaire des synapses. Ces derniers forment les points de contact entre les neurones et la base biologique de l’apprentissage et de la mémoire", déclare Qi Zhang, auteur principal de l’étude. Il poursuit : "la protéine précurseur de l’amyloïde pourrait bien être l’un des nombreux complices contribuant en partie à la carence en cholestérol. Étrangement, le cœur et le cerveau semblent se retrouver dans la lutte contre le mauvais cholestérol". Ainsi, la protéine précurseur de l’amyloïde aurait donc un effet sur les synapses, ce qui déclencherait par la suite la dégénérescence cérébrale.