Proposer à chaque patient un repas sur-mesure, prenant en compte sa pathologie, son traitement et adapté à ses besoins nutritionnels : voici peut-être l’avenir des plateaux repas servis dans les hôpitaux.
C’est en tout cas ce que préconisent des chercheurs de l'Université de Bâle et de l'hôpital cantonal d'Aarau, en Suisse, une étude publiée dans la revue The Lancet. Selon eux, une nutrition individualisée pourrait non seulement permettre aux patients de consommer plus de protéines et de calories et donc d’éviter la dénutrition, mais permettrait aussi d’accroître les résultats de leur traitement.
La dénutrition concerne un patient sur trois à l’hôpital
À l’hôpital, la dénutrition, c’est-à-dire le déficit en apports énergétiques, touche entre 30 et 60% des patients durant leur séjour, en particulier ceux souffrant de maladies aiguës ou chroniques. En 2015, un rapport de l’Académie de pharmacie soulignait aussi que la dénutrition affecte 15% à 30% des enfants malades. Ce taux grimpe à plus de 65% chez les personnes âgées hospitalisées en long séjour.
Or, la dénutrition au cours d’une hospitalisation peut avoir de graves conséquences. Selon une brochure du ministère de la Santé, la dénutrition peut influer sur l’évolution de la maladie, mais aussi la rapidité de la cicatrisation, la tolérance aux médicaments, les défenses immunitaires. Elle augmente le risque de survenue de complications infectieuses nosocomiales, ainsi que le risque de mortalité.
Voilà pourquoi en cas de risque de déficit nutritionnel, les directives recommandent une alimentation individualisée pendant le séjour du patient à l'hôpital afin de garantir son apport en protéines et en calories. Les mesures possibles vont d'un plan nutritionnel à l'alimentation par sonde et à l'alimentation par voie intraveineuse.
Une diminution du risque de complications graves et de décès
Mais jusqu’à présent, aucune étude significative n’avait souligné les bénéfices d’une nutrition individualisée des patients. C’est désormais chose faite avec ce nouvel essai clinique auquel ont participé plus de 2 000 patients à risque de dénutrition dans huit hôpitaux suisses. Ces derniers ont été répartis au hasard dans deux groupes : l’un a reçu les plats habituels de la cuisine de l'hôpital pendant son hospitalisation. Pour les patients du deuxième groupe, les diététiciennes ont établi un plan nutritionnel individuel.
Après 30 jours de suivi, les chercheurs ont constaté qu’une nutrition individualisée permettait non seulement un meilleur apport en énergie et en protéines, mais aussi une amélioration générale des résultats du traitement. La comparaison a montré que moins de complications graves sont survenues et que le taux de mortalité a diminué. Statistiquement, il a été possible d'éviter une complication grave chez une personne traitée sur 25 et un décès pour 37 personnes traitées.
"Nos résultats montrent que la malnutrition est un facteur de risque modifiable et que la thérapie a une influence positive sur l'évolution de la maladie", a déclaré le professeur Philipp Schütz, professeur FNS à l'Université de Bâle et chef du département de médecine interne et d'urgence de l'hôpital cantonal d'Aarau en Suisse. "Cette étude a des implications majeures pour le traitement des patients hospitalisés présentant des morbidités multiples et devrait contribuer à renforcer l'importance de la thérapie nutritionnelle chez les patients à haut risque", conclut-il.