Voilà qui devrait rendre les opérations médicales bien plus agréables. Afin de rassurer le patient lors d’une intervention délicate, le CHU de Lille s’apprête à tester un dispositif d’hypnose, a annoncé jeudi 25 avril le Pr Philippe Puech, chef du service d'imagerie génito-urinaire au CHU de Lille à l’origine de cette idée, à la presse.
Créé par la start-up française DreaminzZz, le dispositif nommé Hypnos Pro est déjà utilisé par plusieurs professionnels de santé, qu’ils soient kinésithérapeutes ou dentistes. Il se présente sous la forme d’un masque à diodes lumineuses et d’un casque audio qui diffuse une histoire relaxante. "Pendant une quinzaine de minutes, le patient est isolé au niveau sonore et visuel. Il est plongé dans une histoire", explique le Pr Puech dont l’équipe est formée aux techniques d'hypnose conversationnelle.
Grâce au soutien de la fondation Apicil et du Groupement interrégional de recherche clinique et d'innovation Nord-Ouest, son service a pu se doter de deux masques et conduire une pré-étude qui s’est révélée prometteuse. "Plus de 90% des réponses au questionnaire ont révélé un ressenti bénéfique, ce qui nous a permis de lancer cette recherche", détaille Brigitte Cortes qui pilote ce projet paramédical.
Une étude sur 172 patients consultant pour des biopsies de la prostate
En mai, le Pr Puech et son équipe testeront donc ce procédé sur 172 patients âgés de 50 à 75 ans consultant pour des biopsies de la prostate, cette opération étant particulièrement désagréable et anxiogène en raison d’un pistolet à aiguille. Cette étude a pour but de "quantifier la différence de ressenti de la douleur et de l'anxiété entre un groupe qui ne bénéficie pas du masque et un autre qui en bénéficie". En effet, le masque d’hypnose coûtant 2 000 euros, il est indispensable de prouver que le bénéfice est réel pour le patient.
Si le Pr Puech et ses collègues obtiennent les résultats escomptés, ce masque pourrait à terme être également utilisé lors d’interventions de radiologie ou de néphrologie.
Mais Hypnos Pro n’est pas destiné qu’aux professionnels de la santé. Dans une vidéo de présentation de son outil, DreaminZzz, fait ainsi témoigner la célèbre cavalière Luciana Diniz. Quand la compétition finit "je peux me détendre et me recentrer (…) j’ai besoin de cette motivation et le masque me l’apporte (…) Je peux utiliser le masque Hypnos partout en voyage, quand je suis dans l’avion, chez moi, dans les écuries avec mes chevaux…où que je sois je peux utiliser le masque", s’enthousiasme-t-elle. Et de conclure : "C’est une idée formidable".
Différentes formes d’hypnoses sont aujourd’hui pratiquées
Trouvant son origine dans le mot grec hupnoein, qui signifie s’endormir, l’hypnose désigne une technique thérapeutique et un état modifié de conscience. Beaucoup de professionnels étant persuadés que de nombreux problèmes personnels et relationnels puisent leur source dans l’inconscient, ils invitent celui de leur sujet à se défaire des idées nuisibles afin de les remplacer par des idées nouvelles.
Aujourd’hui, plusieurs formes d’hypnose existent et toutes n’ont pas le même but. L’hypnose classique, la plus utilisée, date de 1841 et fonctionne avec des suggestions directes. Elle est reconnue pour résoudre de nombreux problèmes comportementaux de types phobies et pour modifier le ressenti corporel.
L’hypnose Ericksonienne développée au milieu du 20e siècle par le pédiatre et le psychologue américain Milton Erikson vise quant à elle à solliciter la créativité de l’inconscient du sujet et à l’inviter à exprimer ce qui pourrait être changé pour rendre une situation moins difficile. Elle se sert pour cela de plusieurs techniques de communication telles que les métaphores ou les altérations sensorielles afin de créer un dialogue entre l’inconscient et le conscient.
Autre technique : l’hypnose humaniste qui vise à permettre à l’individu d’accéder à son inconscient mais également à sa conscience supérieure afin de donner du sens à ses problèmes. Enfin, la nouvelle hypnose est un mélange de toutes les formes d’hypnoses tandis que celle de spectacle et de rue n’est, comme son nom l’indique, utilisée que pour faire du spectacle. Elle a donc un but récréatif et n’est nullement thérapeutique.