« La petite Alice n'arrive pas à apprendre à lire depuis que son père la frappe ». Et oui, comme le martèle la Fondation pour l'enfance, « il n'y pas de petites claques ». Mais, encore aujourd'hui, en France, plus de la moitié des parents frappent leurs enfants avec des gifles ou fessées avant l’âge de 2 ans, et les trois quarts avant l’âge de 5 ans. Or, ces violences sont non seulement inefficaces mais aussi néfastes pour la santé de certains enfants. Pour tenter de faire cesser cette « violence éducative ordinaire », la Fondation lance cette semaine une campagne vidéo diffusée sur 16 chaînes de télévision. Le message est clair, « toute violence est à proscrire car elle ne permet pas d'éduquer son enfant, au contraire ».
Source: Fondation pour l'enfance
Selon une enquête de l'Union des familles européennes, 85 à 87% des grands parents et parents déclarent avoir recours aux punitions corporelles. Et pourtant, les preuves scientifiques de la nocivité de ces traitements se sont multipliées ces dernières années. D'après une étude réalisée en 2007 par le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies d'Atlanta en Géorgie, les enfants soumis à des abus physiques courent davantage de risques de devenir des consommateurs de psychotropes à l'âge adulte. Par ailleurs, selon une étude menée en 2008 à l'université du New Hampshire, les punitions corporelles augmentent les risques de problèmes sexuels à l'âge adulte: masochisme, tendance à recourir à la coercition verbale ou physique pour exiger une relation sexuelle, tendance à s'engager dans des comportements à risque sans protection.
De plus, une étude suivie en 2009 dans cette même université américaine révèle également que les enfants entre 2 et 4 ans qui ne reçoivent pas de fessées ont un quotient intellectuel plus élevé de 5 points que les enfants qui en reçoivent. Par ailleurs, le fait de frapper et insulter les enfants accroît les risques de cancer, de troubles cardiaques et d'asthme à l'âge adulte (Université de Plymouth, Journal of Behavioral Medicine, septembre 2012).
Enfin, l'exposition à des stress durant l'enfance provoque des altérations du cerveau, notamment du cortex orbito frontal qui est la partie du cerveau qui régule l'impulsivité. Parallèlement, le stress provoque aussi l'augmentation de l'activité de l'amygdale, région du cerveau connue pour provoquer des réactions émotionnelles. La tendance à la violence en est donc accrue.
« Il était important de déculpabiliser les parents en expliquant que nous sommes parents avec l’enfant que nous avons été, et que notre éducation nous amène de manière consciente ou inconsciente à reproduire des pratiques potentiellement dangereuses, tout en pensant au bien de nos enfants, » rappelle le Dr Gilles Lazimi, médecin généraliste du Centre Municipal de santé de Romainville, militant contre les violences faites aux femmes et aux enfants. Et le Dr Lazimi de rajouter, « d’un point de vue éthique, ces violences sont injustifiables. Entre adultes, toute violence est un délit, alors pourquoi ne l’est-elle plus quand elle a pour cible nos enfants ? ». C'est pour cela que trente deux pays dans le monde ont déjà interdit par la loi les violences éducatives ordinaires en direction des enfants, mais la France n’y a pas encore souscrit. Encore une exception culturelle...