Hier avec les pilules de nouvelles générations, aujourd’hui avec le Furosémide, les autorités françaises n’auraient-elles pas tendance à brandir le principe de précaution avec excès ? A la moindre alerte, c’est le carton rouge. L’électrochoc de l’affaire du Mediator a, certes, permis de pointer les dysfonctionnements de notre système de pharmacovigilance, mais n’a-t-il pas substitué la peur au doute ? Et certains observateurs n'hésitent pas à parler de « délire de précaution ».
Depuis plusieurs jours, vos journaux s’interrogent sur la gestion de l’affaire du Furosémide. Au départ, un pharmacien de Saint-Malo affirme avoir découvert dans une boîte de diurétiques ramenée par une patiente un comprimé de Zopiclone, un somnifère fabriqué par le laboratoire Teva. « Depuis une semaine, résume Pierre Bienvault dans le journal La Croix, les différentes investigations n’ont pas permis de retrouver la moindre trace du somnifère dans les boîtes de Furoméside ».
Après des décès suspects de patients traités par ce médicament, plusieurs enquêtes ont été ouvertes. Les autopsies conduites chez quatre d’entre elles n’ont rien donné, selon Libération. Plus de 2000 blisters ont été ouverts en fin de semaine dernière sous contrôle d’huissier. Aucun ne contenait de somnifère.
Au final, tous les lots en circulation de Furosémide ont été retirés, de nombreux patients ont certainement interrompu leur traitement contre l’insuffisance cardiaque et la suspicion sur les génériques n’a fait qu’augmenter. « Il était légitime, au départ, de lancer l’alerte. Si les choses avaient mal tourné, on nous aurait reproché de ne rien avoir fait », expliquent les autorités de santé dans le quotidien La Croix.
Les spécialistes le savent, le médicament, c’est une affaire de dosage. En s’affranchissant de cette règle, les pouvoirs publics prennent le risque de ne plus être entendus lorsqu’ils délivrent des messages de santé publique.