Secondaire à la transmission d'une bactérie lors d'une morsure de tique, la maladie de Lyme est une pathologie d'origine infectieuse qui se manifeste par des douleurs diffuses chroniques et invalidantes, pouvant à terme mener à des troubles neurologiques et des paralysies faciales. Les autorités françaises reconnaissent chaque année autour de 30 000 nouveaux cas. La prévalence moyenne est estimée à 43 cas pour 100 000 habitants depuis 2009. A titre comparatif, elle était à 16.5 cas pour 100 000 personnes entre 1999 et 2000 et à 9.4 cas pour 100 000 individus de 1988 à 1989, selon Santé Publique France.
Toutes les tiques ne sont pas infectées
L'hyper-communication autour de cette maladie semble avoir généré une prise de conscience collective ces derniers mois et dans le même temps, façonné de fausses idées. Par exemple, toutes les tiques ne sont pas vectrices de la maladie de Lyme. Seules celles infectées par la bactérie peuvent la transmettre à l'homme lors d'une morsure. Et encore faut-il pour cela que la tique reste plusieurs heures accrochée à une personne. Les tiques ne sont en effet naturellement pas infectées, elles sont contaminées lorsqu'elles se nourrissent du sang d'animaux sauvages eux-mêmes contaminés.
Elles ne se déplacent pas loin par elles-mêmes. Cependant, leur propagation par différents vecteurs (rongeurs, oiseaux migrateurs, animaux domestiques) fait qu'il est possible de se faire mordre en dehors des bois et des espaces naturels. Elles peuvent par exemple se coller aux oiseaux migrateurs et tomber loin de leur emplacement d'origine.
Un diagnostic précoce est préférable
La maladie de Lyme peut apparaître dans les 30 jours après la piqûre, d’abord sous forme d’une plaque rouge et ronde qui s’étend en cercle (érythème migrant) à partir de la zone de piqûre. La lésion de la peau peut s'accompagner de douleurs musculaires et articulaires, ou encore de fièvre. Avec un traitement précoce, elle disparaît en quelques semaines à quelques mois. "Les symptômes sont multiples : douleurs articulaires, tremblements et troubles neurologiques - perte de mémoire, état dépressif", expliquait Eric Oden à France 3 Nouvelle-Aquitaine.
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En l’absence de traitement, l’évolution vers la phase secondaire n’est pas systématique, mais aggrave le pronostic : l'infection peut devenir chronique et se diffuser de la peau à tout l’organisme. Elle donnera alors des complications graves qui peuvent toucher plusieurs organes (articulations, cerveau, cœur...). "Des mois à des années après l’infection peuvent apparaître des manifestations tertiaires, de type articulaire, cutané, neurologique, musculaire, ou cardiaque", rappelle le ministère de la Santé.
Le business de la maladie de Lyme
"Ça a commencé par une très grande fatigue. Des douleurs musculaires terribles surtout la nuit. A un moment je ne pouvais plus marcher, raconte à France Bleu Marie José Silva. J'ai commencé avec le fauteuil roulant, puis le déambulateur. Aujourd'hui je marche mais je ne peux plus conduire, j'ai perdu mon travail. Et pour me déplacer hors de la maison, j'ai besoin de mon mari ou de mes enfants." Marie José Silva déplore également le manque de reconnaissance de la maladie de Lyme et se sent lésée, prise au piège par une maladie peu considérée. "Je n'ai plus envie de me battre parce que personne ne veut se battre avec nous. Je pense aux médecins. On devrait être hospitalisé, avoir des traitements adéquats quand ça ne va pas. Quand vous avez un rhume, vous allez voir un médecin, il vous écoute, il va vous donner ce qu'il faut pour vous soigner. Tandis que nous, et bien non, il n'y a personne."
La maladie de Lyme est-elle réellement négligée par la communauté scientifique ? Les patients sont-ils vraiment délaissés par le système de santé ? "Il y a les patients chez qui la maladie de Lyme a été reconnue et traitée", nous explique le Professeur en infectiologie Jean-Paul Stahl. "Puis il y a les gens à qui l'on fait croire qu'ils l'ont. Ils ont une sérologie négative à l'issu du test sanguin, ce qui veut dire qu'ils n'ont jamais été en contact avec la bactérie", mais certains "escrocs" exploitent leur faiblesse. "Ils ont des symptômes, sont malades, mais n'ont pas la maladie de Lyme".
Pourquoi ces patients sont-ils persuadés de l'avoir ? "Certains par exemple, se font suivre à la 'BCA-Clinic' (Borreliose Centrum Augsburg) en Allemagne" et déboursent "1000 euros par semaines : on les appelle régulièrement pour savoir s'ils ont passé leurs examens - payants et on exerce un pouvoir sectaire sur eux". Jean-Paul Stahl a récupéré certains de ces patients persuadés d'avoir la maladie de Lyme : "j'ai rencontré des patients en fait atteints d'une tumeur cérébrale, d'un cancer, de la maladie de Hodgkin ou encore d'une sclérose en plaques... enfermés dans des diagnostics bidons et face à une réelle perte de chance".
Comment éviter les morsures ?
Il est important de se protéger contre les piqûres de tiques, notamment en portant des vêtements clairs afin de les distinguer plus aisément sur le tissu, des chaussures fermées, de se couvrir la tête et de privilégier les chemins dégagés plutôt que les hautes herbes. N'oubliez pas d'inspecter attentivement chaque personne après une balade à risque, de même que les animaux de compagnie.
Si vous avez été piqué, il est urgent de retirer rapidement la tique, si possible dans les 12 à 36 heures qui suivent la morsure. Un tire-tique (vendu en pharmacie) est indispensable pour la retirer en la saisissant dans le sens de l'axe de son corps (afin de retirer le corps entier) et en la faisant pivoter dans le sens inverse des aiguilles d'une montre.
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Ce geste doit être effectué avec délicatesse afin que la tique ne vomisse pas sous votre peau les éventuelles bactéries qu'elle transporte. N'hésitez pas à vous aider d'une loupe et à désinfecter la zone une fois la tique retirée. Vous devrez tout de même surveiller la morsure pendant un mois afin de vous assurer qu'une plaque rouge ne s'y développe pas. Si tel était le cas, consultez rapidement un médecin.