En ayant fait sentir plusieurs parfums (cannelle, citron, essence, fumée...) à 2289 personnes âgées de 71 à 82 ans en 1999 et 2000, des chercheurs de l'Université du Michigan (Etats-Unis) se sont aperçus en analysant la cause de leur décès qu'une perte d'odorat était associée à une espérance de vie plus courte que la normale.
+ 46% de risque de mourir prématurément
Les résultats de leur étude, publiés dans la revue Annals of Internal Medicine, démontrent que la probabilité de mourir dans les 10 prochaines années est largement supérieure chez les personnes sans, ou avec un piètre odorat. "Les personnes qui avaient un mauvais odorat au début de l’étude avaient en fait 46% plus de risque de mourir prématurément, comparés à celles qui avaient un bon odorat, explique Honglei Chen, professeur d’épidémiologie et de biologie à l’Université du Michigan. Les maladies de Parkinson et d’Alzheimer, ainsi que la perte de poids, n’expliquent que 30% de ces risques."
Des études antérieures avaient en effet établi un lien entre la perte d'odorat et le risque de développer les maladies de Parkinson ou d'Alzheimer. En 2014 déjà, une recherche présentée à la Conférence internationale de l’association Alzheimer (AAIC) attestait qu'une perte d'odorat pourrait résulter d'un déficit cognitif et plus précisément être un indicateur du développement de la maladie d’Alzheimer. De même, des examens de perception des odeurs sont réalisés en France dans le diagnostic de Parkinson.
Un lien établi avec les maladies cardiovasculaires
Mais pour la première fois, l'équipe du Michigan a également fait le lien entre perte d'odorat et maladies cardiovasculaires : "il est également possible que les personnes ayant un mauvais odorat aient plus de risques de mourir d’une maladie cardiovasculaire". Aucun lien n'a cependant été établi entre l'odorat et les cancers ou les maladies respiratoires.
"Pour le moment, c'est encore prématuré de parler d'étendre ces examens à toutes les personnes âgées", souligne néanmoins Honglei Chen. Même si, reconnait-il, "l'identification de ces maladies en amont serait crucial pour la recherche de traitements".
Etendre ces examens à toutes personnes âgées pourrait s'avérer extrêmement long, explique Isabelle Denis, neurobiologiste à l'Institut national de la recherche agronomique, citée par France Inter. "Il faut les répéter beaucoup de fois pour arriver à déterminer qu'on commence à avoir un seuil de détection qui est plus faible que la moyenne de sa classe d'âge". Sans parler du stress provoqué aux patients qui redouteront de souffrir d'une maladie incurable.