La maladie de Lyme, transmise à l'homme par la morsure d'une tique infectée, fait beaucoup parler d'elle. Pourtant, comme le révèle une étude menée par l’hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris et récemment publiée dans le BEH, seuls 10% des patients qui consultent pour cette pathologie en sont vraiment atteints. Les médecins se sont aperçus en examinant 301 patients potentiellement touchés par la maladie de Lyme, que 80% souffraient en fait d'une autre pathologie. Dans le détail, 31,2% souffraient de troubles psychologiques, 17,7% de maladies articulaires et 15,2% de maladies neurologiques.
Des erreurs de diagnostic lourdes de conséquences
"La majorité des patients qu’on a trouvé sont des patients qui ont des problèmes psychologiques voire des problèmes psychiatriques, explique le Dr Elie Haddad, infectiologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Le problème c’est que les signes cliniques de ces problèmes psychiques, psychologiques, sont les mêmes que des signes cliniques du Lyme. On voit beaucoup de fatigue, beaucoup de douleurs articulaires ou musculaires".
Malheureusement, ces erreurs de diagnostic retardent la prise en charge de leur "vraie maladie" et des patients atteints en fait de Parkinson, de la maladie de Charcot ou encore de sclérose en plaques reçoivent un traitement non adapté, parfois pendant des années. "Dans la consultation vous voyez de tout sur les ordonnances médicales. Donc on voit un traitement anti-parasitaire, un traitement antifongique, des traitements anti-infectieux voire antibiotiques qui ne marchent pas sur la maladie de Lyme".
En septembre dernier déjà, Éric Caumes, chef du service de maladies infectieuses et tropicales à la Pitié-Salpêtrière, expliquait à Pourquoi Docteur que des "patients arrivaient dans (son) bureau avec des prescriptions d’antibiotiques qui durent depuis plusieurs années avec zéro bénéfice et beaucoup d’effets indésirables. C’était du grand n’importe quoi. Il y en avait même un qui avait une ordonnance avec 24 médicaments à prendre par jour". Pour 80% d'entre eux, "il y avait une véritable perte. Ils n’étaient pas soignés correctement" pour les vraies pathologies dont ils étaient atteints.
"Les médecins généralistes n’écoutent plus les patients"
Le Pr Éric Caumes nous rappellait que dans le cadre des maladies infectieuses, "le traitement est normalement rapide. La guérison prend environ 48 heures après la prise des antibiotiques. Or, j’avais un patient qui, par exemple, avait une ordonnance sur laquelle était écrit ‘à prendre jusqu’à guérison’. C’est juste pas possible".
Comment expliquer ces erreurs de diagnostic, lourdes de conséquences pour certains patients ? "Le problème réside avec le fait que les médecins généralistes n’écoutent plus les patients. Mais ça n’est pas entièrement leur faute. Une bonne consultation devrait durer environ une heure alors qu’en réalité elles sont expédiées en quinze minutes." Selon lui, "les malades sont perdus et se rattachent à ce qu’ils entendent ou lisent à droite et à gauche". Il pointait également du doigt un problème de formation chez ces médecins qui passent à côté des symptômes de la maladie de Lyme. "Il faut que les autorités sanitaires et politiques s’emparent du problème sinon ça va continuer".