Mado fait une tisane avec des fleurs de cannabis, Françoise va en Suisse chercher un spray buccal, Bertrand fabrique ses propres gélules : entre 300 000 et 1 000 000 de personnes consomment du cannabis thérapeutique de manière illégale en France. Sur France Info, plusieurs d'entre elles livrent leur témoignage.
Réduire certains symptômes
Le cannabis utilisé dans sa forme thérapeutique aurait un intérêt dans la réduction de certains symptômes comme les nausées, la perte d’appétit, la douleur ou encore les contractions musculaires. Bertrand Rambaud l’utilise pour deux de ces raisons : soulager ses douleurs et réactiver son appétit. Le président de l’association UFCM I Care, qui milite pour l’utilisation des cannabinoïdes en médecine, est séropositif depuis trente ans. Il consomme du THC, l’une des molécules actives du chanvre, principalement le soir, sous la forme de gélules, qu’il fabrique lui même ou de e-liquide pour cigarette électronique.
Une consommation sous forme d’expérimentation
Comme les autres personnes qui témoignent, il a du chercher la forme du THC qui lui convenait le mieux. Le cannabis vendu sous le manteau est essentiellement récréatif et très fortement dosé en THC, ce qui ne correspond pas aux besoins des malades. Ils sont souvent réduits à trouver des solutions eux-mêmes, en fabriquant leurs produits de manière artisanale.
Illégalité, essais ratés et gros budget
Les essais ne sont pas tous concluants, comme l’explique Françoise Maillard, atteinte d’une sclérose en plaques, qui a tenté le gâteau au chocolat au cannabis : "Un super goût, raconte-t-elle à France Info, mais le problème, c'est qu'on ne connaît pas les quantités qu'on met... Au cinquième morceau, j'ai décollé. Je planais dans un état secondaire, un peu comme une anesthésie générale. C'est ingérable". Certains malades décident d’inventer des recettes, plus faciles à supporter, comme Mado, qui fabrique des tisanes et du beurre à base de cannabis. Tous racontent les effets positifs de la plante sur leur état de santé : diminution des douleurs, disparition de certains symptômes, regain d’énergie, etc. Une partie des personnes interrogées cultive elle-même la plante, ce qui est moins coûteux que de se fournir sur le marché noir et ce qui leur permet de savoir précisément ce qu’ils consomment. Une autre témoin, Françoise, se déplace jusqu’en Suisse pour se procurer un spray buccal à base de cannabis : cela lui coûte 300 euros par mois, rien que pour le traitement. Cette situation d’illégalité ne les satisfait pas, tous attendent avec espoir une autorisation de mise sur le marché de traitements à base de cannabis thérapeutique.
L’ANSM se penche sur la question
En décembre 2018, un comité d’experts mandaté par l’Agence nationale de la sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a rendu un avis favorable à la légalisation du cannabis thérapeutique sous certaines conditions. Une expérimentation doit être organisée d’ici à la fin de l’année 2019.