"Même si nous en sommes au début, nous pensons que la Simvastatine pourrait changer des vies". Une nouvelle étude britannique parue le 10 avril dans le Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) laisse entrevoir des résultats prometteurs pour un traitement contre la sclérose en plaques progressive secondaire (SPPS), une maladie incurable qui handicape des millions de personnes dans le monde.
Au cours de leur étude, des chercheurs britanniques ont utilisé des données cliniques du Collège Universitaire de Londres qui avaient suivi 140 personnes âgées d’entre 18 et 65 ans atteintes de SPPS. Pendant deux ans, les participants avaient soit pris 80 mg de Simvastatine par jour, médicament contre le cholestérol qui s'ingérant en pilule, soit un placebo. Grâce à un IRM ainsi qu’à des questionnaires sur la vie quotidienne des patients, les chercheurs ont pu examiner leur niveau de handicap et de cholestérol. Ils ont ainsi pu constater que chez les personnes qui prenaient de la Simvastatine, la perte de volume de cerveau était 43% moins faible que chez ceux qui prenaient un placebo. Chez ces participants, ils ont également observé des scores améliorés dans le questionnaire mesurant l’impact de la sclérose en plaques sur leur vie quotidienne.
Au cours de leur étude, les chercheurs ont développé deux modèles. Avec le premier, les effets de la Simvastatine sur les mesures cliniques (physiques et cognitives) et l'atrophie cérébrale étaient provoqués par des modifications du cholestérol tandis que le second était complètement indépendant du cholestérol. Dans ce dernier, la Simvastatine avait un effet direct sur les mesures cliniques et les résultats de l’IRM. Conclusion : les effets de la Simvastatine sur les résultats cliniques et l’atrophie du cerveau étaient largement indépendants du cholestérol.
L’un des premiers traitements capables de ralentir la progression de la maladie ?
Ainsi, si l’étude a montré que la Simvastatine avait un effet positif pour retarder la progression du handicap et ralentir l’atrophie du cerveau des gens souffrant de SPPS, les chercheurs ne sont pas sûrs de savoir comment et pourquoi.
"Mon étude nous dit que les satines aident les patients avec de la sclérose en plaques pour des raisons différentes de comment elles aident les gens à diminuer leur cholestérol", explique le Dr Eshaghi qui a mené l’étude.
Désormais, une phase 3 devra confirmer si la Simvastatine peut aboutir à l’un des premiers traitements pour ralentir ou stopper la progression de la SPPS. "La Simvastatine est l’un des traitements les plus prometteurs pour la SP progressive. Les gens qui souffrent de cette maladie ont attendu des décennies pour un médicament qui marche, c’est pour cela c’est si excitant", s’enthousiasme le Professeur Chataway, qui a également participé à l’étude.
5000 nouveaux cas chaque année
La sclérose en plaques est une maladie neurodégénérative qui affecte plus de 100 000 personnes en France et 5 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année dans le pays. Elle est due à un dérèglement du système immunitaire, qui s’attaque au cerveau et aux fibres nerveuses en détruisant les gaines de myéline chargées de protéger les neurones. Peu à peu, les patients perdent l’usage de leurs membres, présentent des troubles de la vision, de la motricité et de la sensibilité. La maladie se manifeste d’abord sous une forme cyclique avant de devenir progressive. Ainsi, la transition de la SP à la SPPS se fait en général si graduellement qu’on ne la reconnaît souvent qu’avec plusieurs années de recul.