Après un communiqué alarmant de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) publié fin avril, qui rappelait que le nombre de cas de rougeole avait augmenté de 300% en Europe au premier trimestre 2019, une autre nouvelle inquiétante vient de tomber : les politiques de vaccination actuelles dans certains pays développés ne seraient pas suffisantes pour mettre fin à la recrudescence de la rougeole.
L’étude, menée par une équipe de chercheurs de la Fondation Bruno-Kessler et de l’Université Bocconi en Italie et publiée dans la revue BMC Medicine, montre qu’en 2050, si les politiques de vaccination ne sont pas renforcées, la proportion de la population susceptible de contracter le virus de la rougeole dépasserait le seuil de sûreté de 7,5% dans cinq de ces sept pays (sauf en Corée du Sud et Singapour). Ce seuil de sûreté est le seuil maximal à ne pas dépasser pour maintenir un niveau d’immunisation sûr parmi les populations.
Mais la situation serait déjà critique en Italie, où le seuil des 7,5% a déjà été dépassé en 2018 pour atteindre 9,3% de la population. Les chercheurs se sont également intéressés au cas de l’Angleterre : sans changement significatif dans les politiques de vaccination, la proportion de personnes non vaccinées contre la rougeole, actuellement de 3,7%, pourrait grimper à 8% en 2050.
Sur le panel des sept pays étudiés, la proportion de la population susceptible de contracter la rougeole varie de 3,7% au Royaume-Uni à 9,3% en Italie, qui est le seuil pays à dépasser le seuil des 7,5% en 2018. En Australie, en Irlande, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, l’équipe de chercheurs souligne qu’il est impératif que les niveaux de vaccination globaux restent au-dessus de 95% de la population pour garder la proportion de la population susceptible de contracter la rougeole sous le seuil de sûreté des 7,5%.
"Ces dernières années, nous avons assisté à la recrudescence du nombre de cas de rougeole même dans les pays où, selon l’OMS, l’élimination de la maladie aurait déjà dû être atteinte, explique Dr Filippo Trentini, auteur de l’étude. Cette recrudescence est due à un niveau de vaccination sous-optimal."
Au niveau global, les chiffres de l’OMS soulignaient une résurgence des cas de rougeole à la fois à cause d’un renforcement de la défiance envers la vaccination dans les pays développés et d’un mauvais accès aux soins dans les pays pauvres. En 2017, 110 000 décès liés à la contraction de la rougeole ont été comptabilisés, selon l’agence internationale.
La solution : une vaccination obligatoire dès l’entrée à l’école ?
La rougeole est considérée comme une des maladies les plus contagieuses au monde. Il n’existe aucun traitement curatif mais sa contraction peut être évitée grâce à deux doses d’un vaccin "sûr et efficace", selon l’OMS. En France, ce vaccin est le ROR (rougeole, oreillons, rubéole). Il est devenu obligatoire pour les nourrissons nés après le 1er janvier 2018.
"Nos résultats montrent que la mise en place d’une vaccination obligatoire à l’école, en plus des programmes classiques d’immunisation, s’avère très bénéfique dans la plupart des pays étudiés, explique Dr Stefano Merler, co-auteur de l’étude. La vaccination obligatoire lors de l’entrée à l’école doit concerner plus de 40% de la population pour être efficace."