L’équipe du nouvel Institut Cœur Poumon du CHU de Lille peut se targuer d’une belle réussite. Celle d’être parvenue pour la première fois en France à réaliser la transplantation d’un "cœur isolé perfusé" transporté sur de longues distances.
Moins de risque d’échec
Mais en quoi cette technique de transport, déjà utilisée à l’étranger, est-elle si révolutionnaire ? Appelée « Organ Care System » et déjà expérimentée dans des pays plus vastes que la France, comme les États-Unis, le Kazakhstan et l’Australie, elle consiste à "perfuser en sang oxygéné le cœur battant du donneur avant la transplantation, et ce durant tout le temps de transport. C’est une alternative à la technique habituelle qui consiste à conserver le cœur en arrêt dans de la glace", détaille le CHU de Lille dans un communiqué.
Ce dispositif, qui maintient le cœur dans des conditions optimales de température et d’oxygénation, devrait permettre d’augmenter le nombre de greffes cardiaques réussies. En effet, jusqu’à présent, la durée de conservation du cœur à l’arrêt en dehors de l’organisme était l’un des principaux facteurs de risque d’échec de la transplantation.
"Avec cette technique, la durée du transport n'a plus le même niveau de risque, et la limite théorique des 4 heures de transport dans la glace se trouve prolongée au-delà de 6 heures", se réjouit l’équipe de cardiologie.
Une augmentation du nombre de donneurs
Comme le précise La Voix du Nord, la technique de l’Organ Care System devrait permettre d’augmenter le nombre de donneurs potentiels en prélevant ceux dont le cœur est arrêté. Elle constitue donc un véritable espoir car la France connaît actuellement une pénurie de greffons. Actuellement, l’Agence de la biomédecine estime qu’il y a deux candidats receveurs pour un seul donneur. En Angleterre, la technique de l’Organ Care System a permis d’augmenter de 30% son nombre de transplantations cardiaques réussies.
Aujourd’hui, cette nouvelle méthode de conservation n’est pas remboursée par l’Assurance maladie. Mais les futurs transplantés cardiaques du CHU de Lille – six en tout cette année – pourront bénéficier d’une prise en charge totale grâce à un budget spécifique.
"Sans l’investissement du CHU via son Budget pour l’innovation, nous n’aurions pas pu utiliser cette technique coûteuse. Avec le triple objectif de sécuriser la transplantation, augmenter le nombre de donneurs, et améliorer les résultats de greffe, cette technique représente un réel espoir" se réjouit le professeur André Vincentelli, chirurgien cardiaque au sein de l'hôpital lillois.