Sera-t-il bientôt possible de prédire les taux de mortalité, de morbidité et d’hospitalisation des patients atteints de graves troubles pulmonaires ?
C’est en tout cas le souhait d’une équipe de chercheurs d'Intermountain Healthcare, un système de santé à but non lucratif situé à Salt Lake City, aux Etats-Unis. Ces derniers ont présenté leur innovation lors de la conférence annuelle de l’American Thoracic Society qui se déroulait à Dallas le 19 mai dernier : une nouvelle méthode d’estimation des risques pour les patients atteints de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO).
Un score qui prend en compte d’autres pathologies
Touchant en moyenne 4% des Français et responsable de 16 000 décès chaque année, la BPCO est une maladie inflammatoire qui se caractérise par une obstruction des bronches, une toux et une expectoration chronique. Cette maladie se déclare de manière insidieuse et la plupart des patients n’en constatent les symptômes que lorsqu’elle est bien installée. Dans la majeure partie des cas, le tabagisme en est la cause.
Pour mieux détecter cette maladie et fournir aux patients les soins appropriés, les chercheurs ont mené une étude auprès de 17 124 patients atteints de BPCO. Ces derniers leur ont permis de mettre au point une nouvelle méthode pour estimer les résultats des patients atteints d'un trouble pulmonaire grave incurable, qu'ils ont baptisée score LIVE.
"Nous avons constaté que le score LIVE aide à personnaliser le traitement pour les patients au-delà du seul diagnostic de BPCO et fournit des informations supplémentaires sur les risques aux patients et à leurs médecins. Du point de vue de la santé de la population, le score LIVE permet de concevoir des parcours de soins qui identifient et traitent les patients en fonction du risque individuel au-delà d'une seule étiquette de diagnostic", explique le Dr Denitza Blagev, auteure principale de l'étude et médecin spécialiste des soins pulmonaires et intensifs à l'Intermountain Medical Center.
Le score LIVE est entièrement basé sur des analyses sanguines et évalue les taux d'autres maladies chez les patients et pas seulement la fonction pulmonaire. Bien que des maladies comme les pathologies cardiaques et rénales contribuent au risque de décès, d'hospitalisation et de symptômes chez les patients atteints de BPCO, il n'existait jusqu'à maintenant aucun moyen systématique d'intégrer ces maladies dans la détermination du risque global pour les patients à haut risque pulmonaire.
Vers de meilleurs soins en fin de vie
Selon les chercheurs, ces nouveaux scores de risque seront précieux pour les médecins car ils les aideront à déterminer lesquels de leurs patients atteints de BPCO sont les plus à risque. Ces derniers pourront bénéficier de soins palliatifs et des meilleurs traitements en fin de vie.
"En explorant l'association entre les références en soins palliatifs et le risque de score LIVE, cette étude constitue un pas en avant dans la compréhension de la façon dont le score LIVE peut être utilisé pour cibler les soins appropriés aux patients", se félicite le Dr Blagev. "Nos résultats nous donnent une meilleure idée de la façon dont nous pouvons utiliser ces résultats de laboratoire au chevet des patients pour nous assurer qu'ils reçoivent les soins les plus appropriés", poursuit la chercheuse. Mais, rappelle-t-elle, "cela ne signifie pas que toutes les personnes à risque élevé doivent être orientées vers les soins palliatifs. Cela montre simplement des possibilités d'améliorer les soins pour les patients de ce groupe à risque élevé."
Ce modèle de score LIVE a déjà été validé chez plus de 100 000 patients atteints de BPCO dans plusieurs systèmes de santé des États-Unis. Les résultats de ces nouvelles études pourront démontrer davantage l'efficacité de l'utilisation du modèle pour améliorer les soins et la planification des patients, précisent les chercheurs.