La polyarthrite rhumatoïde est une maladie chronique qui entraîne une inflammation des articulations évoluant par poussées. Cette maladie a largement bénéficié du traitement par les biothérapies, mais la mise en place d'une prothèse totale de la hanche ou du genou reste également possible.
Nous savons que les médicaments biologiques peuvent être associés à un risque accru d'infection grave. Mais selon une nouvelle étude menée sur près de 10 ans, c'est surtout l'utilisation de corticoïdes lors du traitement des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde qui doublerait le risque d'infection en cas de chirurgie prothétique. Les résultats de l’étude ont été publiés dans la revue Annals of Internal Medicine.
L'utilisation de glucocorticoïdes
Les chercheurs de l'Université de Pennsylvanie, aux Etats-Unis, ont utilisé des données administratives de Medicare et Truven MarketScan, enregistrées entre janvier 2006 et septembre 2015. Ils ont ainsi pu comparer le risque d'infection en rapport avec les biothérapies lors d’une chirurgie de remplacement primaire, de révision de la hanche ou encore de l’articulation du genou, chez les adultes atteints de polyarthrite rhumatoïde. Ils ont également évalué l'impact du traitement corticoïde, fréquemment associé chez ces patients à évolution sévère, sur le risque d’infection postopératoire.
De nouvelles recherches sont nécessaires
Après analyse, il s’est avéré que les taux d’infections post-opératoires graves et de réadmission sous 30 jours étaient proches quelle que soit la biothérapie utilisée : les risques d'infections hospitalisées après ajustement vont de 6,87% avec l'adalimumab à 8,90% avec le rituximab. Le taux cumulatif à un an d'infection sur prothèse passe de 0,35% pour le rituximab à 3,67% avec le tocilizumab.
En revanche, les corticoïdes sont associés à une augmentation dose-dépendante du risque d’infection post-opératoire, en particulier à des doses supérieures à 10 mg par jour. Le risque d'infection hospitalisée passe à 13,25% au-delà de 10 mg par jour, alors qu'il n'est que de 6,78% quand il n'y a pas de corticoïdes.
De plus, les résultats varient peu d’un médecin à l’autre, ce qui suggère que seuls les médicaments en sont responsables. On ignore encore comment ces médicaments affectent le risque d'infection après la chirurgie et si le risque varie d'un médicament à l'autre. Des nouvelles recherches seront donc menées très prochainement. En attendant, les chercheurs suggèrent, au vu des résultats, que la limitation de l’utilisation de corticoïdes devrait être au centre de la gestion périopératoire. Ceci pose la question d'une indication plus précoce des biothérapies en cas d'impossibilité de baisser la corticothérapie sous traitement conventionnel.