Selon une nouvelle étude publiée dans l’European Heart Journal, les femmes victimes d'un arrêt cardiaque ont deux fois moins de chances d’y survivre que les hommes. Les chercheurs ont notamment constaté que les femmes étaient moins susceptibles que les hommes d’être réanimées par un passant (68% contre 73%), même lorsqu'il y avait quelqu'un pour assister à la chute (69% contre 74%).
La survie entre l'arrêt cardiaque et l'admission à l'hôpital était également plus faible chez les femmes (34% contre 37%) et elles étaient aussi moins susceptibles de survivre entre l'admission et la sortie (37% contre 55%). Dans l'ensemble, les chances de survie des femmes à un arrêt cardiaque étaient d'environ la moitié de celles des hommes (12,5% contre 20%).
Comment expliquer ces différences ?
Pour sortir ces chiffres, le Dr Tan et son équipe ont analysé les données de toutes les tentatives de réanimation effectuées par les services d'urgence entre 2006 et 2012 dans une province des Pays-Bas. Lors de cette période, ils ont identifié 5 717 arrêts cardiaques survenus hors des hôpitaux, dont 28% chez les femmes.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces différences entre les hommes et les femmes. D’abord, comme les femmes vivent en moyenne plus longtemps, elles sont plus nombreuses à vivre seules, et donc à faire des arrêts cardiaques sans personne pour leur venir en aide. Ensuite, les symptômes d’un arrêt cardiaque sont moins reconnus chez les femmes que chez les hommes, ce qui entraîne des retards dans la prise en charge. Les chercheurs ont également constaté des différences dans la façon dont les femmes étaient traitées à l'hôpital, étant par exemple moins susceptible d’avoir une angiographie coronarienne (1).
Une intervention rapide peut faire repartir le cœur
"La population est peut-être moins consciente du fait que les arrêts cardiaques peuvent survenir aussi souvent chez les femmes que chez les hommes. Les femmes elles-mêmes reconnaissent aussi moins leurs symptômes", analyse le Dr Tan. Par ailleurs, "les femmes en arrêt cardiaque présentent des symptômes moins faciles à interpréter, comme la fatigue, les évanouissements, les vomissements et les douleurs au cou ou à la mâchoire".
L'arrêt cardiaque ou cardio-respiratoire (aussi appelé mort subite de l'adulte) est dû à un trouble du rythme cardiaque, mortel en quelques minutes en l'absence de prise en charge. Une intervention rapide peut faire repartir le cœur et éviter de lourdes séquelles.
Les symptômes d'un arrêt cardiaque
Lors d’un arrêt cardiaque, la victime perd connaissance, tombe, et ne réagit pas quand on lui parle ou quand on la stimule. Elle ne respire pas ou les mouvements respiratoires sont inefficaces, lents et bruyants. L’arrêt cardiaque peut être précédé de palpitations ou d’un malaise général. Chez la femme, les signes avant-coureurs sont parfois différents : essoufflement, nausées, douleur à l’estomac.
Lorsque la cause est un infarctus du myocarde, la personne peut présenter, dans les jours ou les heures qui précèdent, une douleur thoracique prolongée pouvant s’étendre jusqu’aux bras, une sensation d’oppression, de serrement voire d’écrasement. L’arrêt cardiaque peut aussi arriver brutalement, sans signes avant-coureur (2).
1) Une angiographie coronarienne (aussi appelée coronarographie) est un test qui consiste à prendre des radiographies des artères coronariennes et des vaisseaux qui alimentent le cœur.
2) Source : Fédération Française de cardiologie.