Solupred, Cortancyl, Celestene, Quenacort, Diprostene : ces médicaments, à base de cortisone, sont en rupture de stock dans de nombreuses pharmacies depuis plusieurs semaines.
Nos confrères d’Europe 1 ont tenté l’expérience dans le centre de Paris, mercredi 22 mai : sur une vingtaine d’officines, aucune n’avait de cortisone. L’ANSM a publié un communiqué à ce sujet, le 7 mai : elle reconnaît des difficultés d’approvisionnement sur certains médicaments corticoïdes. Deux jours plus tard, les industriels ont été convoqués pour présenter à l’ANSM "leurs actions pour assurer un approvisionnement pérenne et sécurisé". En attendant un retour à la normale, l’agence demande aux médecins de limiter la prescription de ces médicaments aux cas où ils sont indispensables et où il n’existe pas d’alternatives.
Une pétition envoyée à Agnès Buzyn
Pour les médecins, cette situation n’est pas tolérable. Francis Berenbaum, chef du service de rhumatologie de l’hôpital Saint-Antoine à Paris, a lancé une pétition en ligne, intitulée "Redonnez-nous de la cortisone avant que des centaines de milliers de patients en souffrent". Elle a été transmise à la ministre de la Santé, mercredi 22 mai. Selon lui, les industriels ont leur part de responsabilité dans les ruptures de stock : "les corticoïdes, ce sont des médicaments qui ne coûtent rien, explique le médecin sur France Info. Les laboratoires qui les commercialisent n’ont pas un grand intérêt à investir pour qu’il y ait un suivi et un réapprovisionnement rapide de ces spécialités". De leur côté, les laboratoires affirment que la situation est liée à des retards de production.
Des médicaments indispensables
La cortisone fait partie des corticoïdes et permet de soigner des douleurs inflammatoires, certaines allergies et des troubles de l’auto-immunité. Il est également utilisé pour soigner des maladies des bronches ou des poumons comme l’asthme. Pour tous ces malades, l’arrêt du traitement peut avoir de graves conséquences. Par exemple, si un patient atteint de lupus, une maladie chronique auto-immune, cesse de prendre de la cortisone, il risque de refaire une poussée inflammatoire : des plaques rouges, appelées erythèmes, vont apparaître sur sa peau. Dans le pire des cas, les poussées peuvent toucher des organes vitaux comme le cerveau ou les reins et conduire à une insuffisance rénale voire au décès.
La cortisone n’est pas le premier médicament en rupture de stock en France. En octobre 2018, un collectif de malades atteints de Parkinson signalait déjà des pénuries concernant leurs traitements. En 2017, 530 médicaments étaient en rupture de stock dans le pays, soit 30% de plus que l’année précédente.