La tisane à la réglisse n'est pas sans risque pour la santé, comme le démontre une nouvelle étude de cas. Le Journal de l'Association médicale canadienne (CMAJ) rapporte qu’un gros consommateur a été admis à l’hôpital en urgence pour hypertension artérielle aggravée.
"Des quantités excessives de certains produits à base d'herbes médicinales peuvent avoir des effets secondaires nocifs", avertit le Dr Jean-Pierre Falet, neurologue à l'Université McGill de Montréal (Québec). "Les produits contenant de l'extrait de racine de réglisse peuvent augmenter la tension artérielle, causer la rétention d'eau et diminuer les niveaux de potassium en cas de consommation excessive."
Deux tasses par jour
L'homme de 84 ans buvait une à deux tasses par jour d’un thé fait maison à partir de racine de réglisse, connu sous le nom "d’erk sous". Sa tension artérielle était très élevée, et il souffrait de maux de tête, d’hypersensibilité à la lumière, de douleurs thoraciques, de fatigue et de rétention d'eau. Le patient avait des antécédents d'hypertension artérielle.
Le thé à la réglisse est très populaire au Moyen-Orient et dans certaines parties de l'Europe, notamment pendant le Ramadan. La réglisse était déjà connue des Grecs et des Romains, qui l'employaient notamment pour éclaircir la voix. Mélangée à de la racine de chiendent torréfiée, elle entrait dans la composition de la boisson dite "hospitalière", qui se trouvait jadis sur les tables de chevet de tous les hôpitaux. En 1958, elle a été utilisée dans les cas d’ulcères et de gastrites. Elle était aussi recommandée pour le rhume, la bronchite ou les maux de gorge.
"Étant donné que la population du Canada est multiculturelle, les médecins devraient envisager de dépister la consommation de racine de réglisse chez les patients souffrant d'hypertension difficile à maîtriser", note le Dr Jean-Pierre Falet.
La tueuse silencieuse
Aujourd’hui, l’hypertension artérielle (HTA) touche 15 millions de personnes en France, soit près d’un adulte sur trois. Elle constitue un facteur de risque majeur de maladies cardiovasculaires (insuffisance coronaire, AVC, insuffisance rénale, insuffisance cardiaque, anévrysme artériel, dissection aortique, arythmie, démence)…
Les professionnels l’appellent même la "tueuse silencieuse", complète le Pr Claire Mounier-Vehier, cardiologue et présidente de la Fédération française de cardiologie, avant de poursuivre : "la maladie est le plus souvent silencieuse mais peut se manifester par un ensemble de symptômes non spécifiques : fatigue, maux de tête matinaux, vertiges, mouches dans les yeux, bourdonnements d’oreilles, palpitations, troubles de la concentration ou encore sensation de poitrine oppressée sont autant de signes de la maladie.
Ce ne sont pas des symptômes spécifiques, mais ces signes, lorsqu’ils sont associés, doivent alerter et pousser à consulter son médecin traitant ou même son pharmacien, pour faire un test de dépistage. Or, la plupart des gens n’y font pas attention et n’imaginent pas que leurs symptômes soient liés à l’hypertension, ce qui explique que de nombreux hypertendus n’aient pas encore été diagnostiqués".