Rougeurs, fortes démangeaisons, suintement et croûtes : de nombreux Français connaissent l’eczéma de contact, ou dermatite de contact, une inflammation de la peau causée par une réaction allergique. Elle toucherait 2 à 6 % de la population. Deux phases interviennent dans la maladie : la première, dite de sensibilisation à la substance allergène, peut durer de quelques jours à quelques années. L'allergène est alors "mis en mémoire" par certains lymphocytes, et aucun symptôme n’apparaît à ce moment.
Puis, lors de la seconde phase, quand cet allergène entre de nouveau en contact avec la peau, le système immunitaire le reconnaît. Les symptômes de l’eczéma de contact apparaissent alors en un à deux jours, et l’inflammation des couches supérieures de la peau perdure tant qu’elle reste en contact avec la substance allergène. Mais les chercheurs se sont alors demandé pourquoi ces plaques d’eczéma réapparaissent aux mêmes endroits, à chaque fois que la peau entre en contact avec l’allergène, même lorsque la lésion est guérie ?
Des cellules immunitaires responsables des symptômes
Pour comprendre le mécanisme qui fait persister l’eczéma, une équipe de scientifiques associant l’Inserm, l’Université Claude Bernard Lyon 1, l’Ecole normale supérieure de Lyon et le CNRS, au sein du Centre international de recherche en infectiologie (CIRI), a mené des recherches chez la souris. Leurs résultats ont été publiés dans le Journal of Allergy and Clinical Immunology.
Les chercheurs y expliquent que les allergènes, après contact, persistent dans la peau pendant plusieurs semaines. Mais ce n’est pas tout : ils ont aussi découvert des cellules immunitaires appelées lymphocytes T mémoire résidents, qui elles, restent plusieurs années dans le corps. Ce sont ces cellules immunitaires qui réactivent ensuite les symptômes de l’eczéma de contact lors d’un nouveau contact avec l’allergène, même si les dernières lésions étaient guéries. En effet, les scientifiques ont découvert un amassement de lymphocytes T mémoire résidents (TRM) dans les plaques d’eczéma.
Grâce à ces recherches, on sait aujourd’hui que ces TRM sont impliqués dans la réapparition locale des plaques d’eczéma, ainsi que dans la forme chronique de la maladie. Cela pourrait permettre, plus tard, de développer de nouvelles approches thérapeutiques qui empêcheraient la réactivation de ces TRM.