Ce mardi 28 mai débute le procès du laboratoire Johnson & Johnson, accusé par l'État d'Oklahoma d'être responsable de la crise des opioïdes aux Etats-Unis. Plus de 70 000 Américains sont morts en 2017 par overdose d’opiacés, ce qui en fait l'une des causes principales de la diminution de l’espérance de vie depuis quelques années. L’Oklahoma est l’un des États les plus touchés.
Inciter les médecins à prescrire trop d’analgésiques
"Aujourd’hui, il y a plus d’overdoses chez les patients avec des douleurs chroniques que chez les consommateurs de drogue", s’alarme dans Le Parisien Nicolas Authier, président de l’Observatoire français des médicaments antalgiques. N’importe qui peut sombrer. "Ce n’est pas une problématique spécifique des usagers de drogue. On parle ici de femmes (60%) et d’hommes de 40, 50, 60 ans, sans antécédents de prise de drogue. Confrontés à la douleur chronique, avec pour certains des comorbidités psychiatriques, pour d’autres des problèmes familiaux ou au boulot, ils se retrouvent entraînés dans la spirale irréversible de l’addiction", ajoute le spécialiste.
Face à ce problème majeur de santé publique, les autorités américaines ont décidé de se retourner contre les laboratoires pharmaceutiques, accusés d’avoir incité les médecins à prescrire trop d’analgésiques. "Depuis 2004, plus de 10 000 habitants sont morts d’overdose, constate Mike Hunter, le procureur général d’Oklahoma. Et l’an dernier, près de 50% de ces overdoses ont été causées par la prise de médicaments opiacés."
2 000 plaintes
"Autour de moi, tout le monde mourait. À chaque fois, leur addiction avait commencé avec quelques pilules mais en vérité ce qui se cachait derrière tout ça, c’est l’argent", raconte à France Info le docteur John Aldis. Dans tout le pays, près de 2 000 plaintes ont été déposées contre des laboratoires pharmaceutiques. Les laboratoires Teva et Purdue Pharma ont échappé au procès grâce à des accords financiers de dernière minute.
Chaque année, 12 millions de Français sont traités par des médicaments à base d’opium, dont 1 million par opioïde fort. Entre 2004 et 2007, les prescriptions supplémentaires d’opioïdes forts, comme le l’Oxycodone et le Fentanyl, ont augmenté de 100% (500 000 prescriptions supplémentaires). En conséquence, les hospitalisations pour overdose et le nombre de décès associés ont explosé depuis les années 2000 (+167% et +146%).