Selon une étude présentée ce lundi 20 mai à un congrès à Helsinki (Finlande), les rivières du monde contiennent trop d’antibiotiques, ce qui augmente la résistance humaine à ces traitements. En cause : les rejets humains, ceux des hôpitaux, de l’industrie pharmaceutique et même des élevages.
Un problème mondial
711 cours d’eau de 72 pays différents ont été analysés. Sur 14 antibiotiques recherchés, chaque échantillon en contenait au moins un et à un niveau supérieur aux taux acceptables. Le métronidazole, le triméthoprime et la ciprofloxacine ont été les médicaments les plus fréquemment retrouvés, même en Asie et en Afrique. Le communiqué des chercheurs évoque ainsi un "problème mondial", les sites les plus problématiques se trouvant au Bangladesh, au Kenya, au Ghana, au Pakistan et au Nigeria.
"Résoudre le problème […] va nécessiter des investissements dans les infrastructures de gestion des déchets et des eaux usées, des règles plus strictes et un nettoyage des sites déjà contaminés", expliquent-ils. Les antibiotiques présents dans les rivières se retrouvent dans l’organisme humain via la consommation d’eau, de coquillages et de poissons. De ce fait, les maladies apprennent petit à petit à y résister.
Effet "cocktail"
Selon des chercheurs du Lancet, les bactéries résistantes aux antibiotiques ont causé la mort de 33 000 personnes en 2015 au sein de l’Union européenne. "Le fardeau de ces infections est comparable à celui de la grippe, de la tuberculose et du VIH/Sida combinés", s’inquiètent les scientifiques.
Parmi les victimes, une majorité d’enfants de moins de 12 ans, ainsi que de personnes âgées de 65 ans et plus. Et "il ne faut pas oublier l’effet cocktail. Si des traces dans l’eau d’un seul médicament peuvent s’avérer peu toxiques, on sait en revanche que la combinaison de plusieurs résidus chimiques peut être dramatique", ajoute Olivier Toma, fondateur de Primum Non Nocere.