Aujourd'hui en France, un couple sur sept rencontre des difficultés pour concevoir un enfant. Beaucoup se tournent vers la procréation médicalement assistée (PMA) qui regroupe plusieurs pratiques cliniques et biologiques pour concevoir un enfant comme l'insémination artificielle, la fécondation in vitro (FIV), le don de gamètes, etc.
En France, la PMA est uniquement permise aux couples hétérosexuels infertiles, les délais sont longs et la législation autorise uniquement les dons anonymes, un manque de transparence qui dérange certains futurs parents. La pénurie de gamètes impose en plus aux Français entre douze et dix-huit mois de délai d’attente pour les spermatozoïdes et trois ans pour les ovocytes. Alors des milliers de couples se tournent vers d'autres cliniques européennes, comme celles du Danemark, de l' Angleterre, de l'Espagne et de la Belgique où la législation est plus souple.
Les Françaises en Espagne
Entre 2014 et 2018, 40% des patientes étrangères des cliniques IVI Espagne étaient Françaises, ce qui représente 7 300 patientes françaises en 4 ans. 70% de ces femmes étaient en couple avec un homme, 25% étaient seules (aucune donnée ne permet de connaître leur orientation sexuelle), soit une augmentation de près de 350% en 4 ans et 5% étaient en couple avec une autre femme, soit une augmentation de 700%.
60% d'entre elles ont suivi un traitement avec don d’ovocytes, 15% ont eu recours à une FIV (86,9% avec leurs propres ovules et 97,5% avec un don d'ovocytes), 15% ont opté pour l'insémination artificielle et 10% ont vitrifié leurs ovocytes (préservation sociale de la fertilité ou vitrification lors d’un traitement de PMA). En moyenne, toutes ces femmes avaient entre 34 et 43 ans.
Une législation plus souple
Ces chiffres s'expliquent notamment par le fait que la législation espagnole autorise les fécondations in vitro (FIV) jusqu’à 50 ans, contre 43 ans en France, que la PMA est permise aux femmes célibataires et aux couples de femmes, que les tests de compatibilité génétique poussés sont autorisés sans antécédents médicaux familiaux graves comme c'est actuellement le cas dans l'Hexagone, que les futurs parents peuvent avoir des informations sur les donneurs et que la conservation d’ovocytes par vitrification (qui permet de repousser une éventuelle grossesse) y est également autorisée sans raison médicale. Sans oublier que la PMA n'influence pas la santé des enfants à naître et ne présente aucun risque de cancer.
LA PMA pour toutes en France
Le projet de loi bioéthique, qui prévoit entre autres l'ouverture de la PMA à toutes les femmes en France (y compris seules et homosexuelles), est pourtant sur la table et les Français y semblent favorables. Selon un sondage IFOP, pour La Croix et le Forum européen de la bioéthique, respectivement 60 % et 57 % des sondés adhèrent à l’élargissement de la PMA pour toutes.
"Mon objectif, c'est de présenter un texte avant les vacances d'été qui permettra de tenir les engagements qui ont été pris par le président de la République", a récemment assuré le Premier ministre Edouard Philippe sur franceinfo. "Dans ce projet de loi sur la bioéthique, il y a des questions bien plus complexes encore que la question de la PMA, plus complexes techniquement, juridiquement, et peut-être même philosophiquement, éthiquement", a-t-il précisé. "Ce sera je l'espère un très beau débat parlementaire qu'il faut aborder sans volonté de cliver, en expliquant". Affaire à suivre.
Actuellement, environ 23 000 bébés naissent chaque année en France grâce à la PMA.