La lutte contre les moustiques est un enjeu de santé majeur dans le monde. Ces insectes sont vecteurs de plusieurs maladies potentiellement mortelles, comme le paludisme. Des chercheurs burkinabés et américains sont parvenus à trouver une méthode pour tuer les moustiques porteurs de ce virus, grâce à un champignon génétiquement modifié.
Une toxine issue du venin d'une araignée
Le champignon, appelé Metarhizium pingshaense, infecte naturellement les insectes dans l’environnement. Il est capable de les tuer lentement, mais les chercheurs ont voulu le rendre plus efficace. Ils l’ont modifié génétiquement pour qu’il produise une toxine capable de tuer les moustiques très rapidement, avant même qu’ils aient le temps de se reproduire.
"Vous pouvez imaginer le champignon comme une aiguille hypodermique que nous utilisons pour administrer une toxine aux moustiques", explique Raymond St. Leger, co-auteur de l’étude. La toxine utilisée par les chercheurs provient du venin d’une araignée australienne.
13 moustiques survivants sur 1 500
L’essai a été réalisé au Burkina Faso dans une structure de plus de 6 000 m2 spécialement dédiée à l’étude des moustiques. Les scientifiques ont attiré ces insectes grâce à trois linges noirs imbibés d’huile de sésame placés dans trois structures différentes : le premier était imbibé uniquement d’huile, le second avait également le champignon dans sa version sauvage et le dernier contenait le champignon OGM.
1 500 moustiques ont été placés dans chacune des structures pendant 45 jours. Au bout de cette période, le champignon OGM a éliminé plus de 99% des insectes : il ne restait plus que 13 moustiques. Dans la structure avec le champignon sauvage, il restait 455 moustiques et dans celle qui ne contenait que l’huile, 1396 moustiques étaient vivants. Cette expérience a été réalisée durant plusieurs mois avec toujours les mêmes résultats. Par contre, le champignon ne tue pas les autres insectes, comme les abeilles.
L’équipe de recherche voit en cette méthode un moyen efficace et peu coûteux pour lutter contre le paludisme. Ils veulent désormais effectuer un essai dans un village, mais doivent d’abord obtenir les autorisations nécessaires. D’après l’Organisation mondiale de la santé, 219 millions de cas de paludisme ont été enregistrés en 2017. 92% d’entre eux sont survenus en Afrique.