Les réseaux sociaux comme nouvel outil pour diagnostiquer la dépression ou l’anxiété ? D’après des chercheurs de Penn Medicine en Pennsylvanie (Etats-Unis), les utilisateurs de Twitter souffrant de ces troubles auraient davantage tendance à poster des photos aux couleurs sombres ou d’eux seuls, sans amis ou famille. Ces résultats seront présentés à l’occasion de la conférence internationale AAAI sur le web et les réseaux sociaux qui se tiendra du 11 au 14 juin à Munich.
Pour en arriver à cette conclusion les chercheurs ont analysé les comptes Twitter de plus de 4000 internautes ayant accepté de faire partie de leur étude. Ils ont alors utilisé des algorithmes pour extraire la couleur, les expressions faciales ou encore différentes mesures esthétiques (la profondeur de champs, la symétrie ou la lumière) des 3200 dernières images postées par chaque utilisateur. Dans le même temps, 887 participants ont répondu à un questionnaire classique afin de répertorier leur niveau de dépression et d’anxiété.
Résultat : les chercheurs ont découvert que les internautes qui postaient moins de photos aux couleurs vives étaient plus sujets à l’anxiété et à la dépression. Leurs images étaient dans les tons gris et avaient moins de cohésion esthétique. Par ailleurs, les internautes dépressifs postaient surtout des photos de leur propre visage sans amis, famille ou autres personnes.
Un manque d'intérêt pour les hobbies
Enfin, ces photos illustraient rarement des centres d’intérêt ou des hobbies, d’avantage présents sur les clichés des autres. "La dépression est souvent accompagnée d’un effet plat qui se caractérise par une réduction de l’expression et de l’étalage d’émotions. La maladie fait également souvent perdre l’intérêt du patient pour les hobbies ou les jeux, des activités que la plupart des gens apprécient", explique l’auteur principal de l’étude, Sharath Guntuku.
"Alors que l’association entre dépression et schémas linguistiques a souvent été étudié, les aspects visuels de la maladie ne l’ont pas été", se félicite-t-il. "C’est difficile de transformer des pixels qui forment des images en fonctionnalités interprétables mais avec les avancées des algorithmes d’images nous essayons désormais de découvrir une autre dimension de la dépression qui se manifesterait en ligne", développe-t-il.
Les réseaux sociaux sont eux-mêmes un facteur de dépression
Cette technique ne se limite évidemment pas à Twitter. "Cela pourrait également être appliqué à Instagram par exemple", explique Lyle Ungar qui a également participé à l’étude. Et de conclure : "Nous espérons que cela pourra donner quelques éclairages sur les différentes facettes de la dépression. Et nous étudions également une variété d’autres afflictions, de la solitude au trouble du déficit de l’attention".
Rappelons toutefois que les réseaux sociaux ne sont en rien le reflet de la vie réelle et qu’il est très facile de mentir dessus, se faisant passer pour bien plus heureux qu’on ne l’est vraiment. Par ailleurs, si cette nouvelle étude veut se servir des réseaux sociaux pour diagnostiquer la dépression, de nombreuses autres recherches ont prouvé que les dits réseaux étaient eux-mêmes un facteur de dépression et d’anxiété.
Il a en effet été montré à maintes reprises que passer trop de temps à fantasmer sur la vie des autres et se comparer à eux via Snapchat, Facebook ou Instagram augmentait le sentiment de solitude et le risque de tomber dans la dépression. Dans la même logique, il a aussi été observé que les jeunes femmes qui suivaient assidument les comptes de mannequins ou autres célébrités avaient tendance à développer une très mauvaise estime d’elles-mêmes, certaines allant jusqu’à développer des troubles alimentaires pour ressembler aux figures de photos vingt fois retouchées.