S’approche-t-on de la fin de la chimiothérapie systématique pour les femmes atteintes d’un cancer du sein ? Alors que chaque année en France, 59 000 nouveaux cas sont détectés et que 12 000 femmes en décèdent, de nouveaux progrès médicaux laissent entrevoir la possibilité d’un traitement personnalisé et donc plus efficace pour les femmes de moins de 50 ans touchées par un cancer du sein.
Un premier essai encourageant
L’an dernier, lors du congrès annuel de l'American Society of Clinical Oncology (ASCO), des chercheurs avaient en effet présenté les résultats très prometteurs de l’étude initiale TAILORx.
Celle-ci avait démontré que chez les femmes atteintes d’un cancer du sein hormonodépendant sans récepteur HER2 (c'est-à-dire sans traitement ciblé possible), ni atteinte ganglionnaire (50% des cancers le sont), la réalisation d'un test baptisé Oncotype DX Breast Recurrence Score (en français : score de récurrence génétique) pouvait permettre d’éviter la chimiothérapie et de se contenter d’une hormonothérapie après la chirurgie.
Selon les auteurs, l’intégration de cet outil pourrait diminuer de 70% les besoins de faire une chimiothérapie chez les femmes atteintes d’un cancer du sein. C'est ce que l'on a appelé le traitement personnalisé.
Des résultats encore meilleurs
Cette année, à l’occasion de l'édition 2019 de l'ASCO, les auteurs de l’étude dévoilent de nouveaux résultats prometteurs, également publiés dans le New England Journal of Medicine. Selon eux, le test Oncotype DX Breast Recurrence Score pourrait non seulement aider à identifier plus de jeunes femmes pouvant se passer de chimiothérapie, mais aussi aider à identifier celles qui pourraient bénéficier d'un traitement anti-œstrogénique plus efficace.
"Les résultats de TAILORx de l'an dernier ont fourni aux cliniciens des données de haute qualité qui leur ont permis de formuler des recommandations de traitement personnalisé pour les femmes", explique Joseph Sparano, auteur principal de l’étude.
Un score de récurrence précis
Plus précisément, cet outil permet d’attribuer un score de récurrence génétique (RS) de 0 à 100 en analysant les anomalies qui peuvent porter sur 21 gènes de la tumeur du sein. Chez les malades qui ont un score de 0 à 10 par exemple, cela fait longtemps que l’on ne fait plus de chimiothérapie en plus de l’hormonothérapie. Par contre chez celles qui ont un score de 26 à 100, la chimio est systématique. La question se posait donc chez les femmes qui ont un score intermédiaire, soit entre 11 et 25.
Pour cette nouvelle analyse, les chercheurs se sont basés sur les résultats obtenus lors de la première étude, à savoir le score de récurrence génétique de risque clinique des 9 427 femmes participants à l’essai TAILORx.
Les chercheurs ont donc étudié le lien entre l'âge au moment du diagnostic et les bienfaits de la chimiothérapie dans le groupe des femmes plus jeunes (50 ans ou moins) dont le score de récurrence génétique est compris entre 16 et 25. Ils ont constaté que la chimiothérapie ne présentait aucun avantage pour elles !
Une prise en compte du facteur âge
Les chercheurs ont ensuite exploré l'association entre l'âge au moment du diagnostic et les bienfaits de la chimiothérapie dans ce groupe, afin de déterminer si l'intégration du score de récurrence et du risque clinique aidait à identifier les femmes préménopausées qui pourraient bénéficier d'un traitement anti-œstrogène plus efficace. Ceci a révélé un avantage pour les femmes de 46 à 50 ans qui étaient préménopausées mais pas pour celles postménopausées, et une tendance vers la chimiothérapie pour les femmes de 41 à 45 ans.
En revanche, aucun avantage n’a été constaté chez les femmes de 40 ans ou moins qui présentent un risque moindre de développer une ménopause prématurée à la suite de la chimiothérapie.
"Avec cette nouvelle analyse, il est clair que les femmes âgées de 50 ans ou moins avec un score de récurrence entre 16 et 20 et à faible risque clinique ne nécessitent pas de chimiothérapie. De plus, l'intégration du score de récurrence à l'information clinique sur les risques permet d'identifier les femmes préménopausées présentant un risque clinique plus élevé qui pourraient bénéficier d'une suppression de la fonction ovarienne et d'une thérapie anti-œstrogénique plus agressive", conclut Joseph Sparano.