Les victimes de crises cardiaques ne doivent pas forcément être gardées en soins intensifs après leur opération, selon une nouvelle étude. On parle ici de crise cardiaque de type STEMI (infarctus du myocarde avec élévation du segment ST), qui se produit lorsque l’obstruction artérielle est totale, c’est-à-dire que la circulation sanguine dans une artère coronaire transportant le sang riche en oxygène vers le cœur est complètement interrompue.
Ces unités n’ont pas que des avantages
Aujourd’hui, les patients victimes de crise cardiaque de type STEMI sont presque systématiquement hospitalisés en soins intensifs. Pourtant, ces unités n’ont pas que des avantages : elles augmentent les probabilités d’être réopérés, d’infections et nuisent à la qualité du sommeil des malades.
"Les soins intensifs sont comme n'importe quel traitement", explique Thomas Valley, professeur adjoint de médecine interne et premier auteur de l’étude. "Les soignants doivent savoir si c'est bon ou pas pour une personne, comme on essaie de le faire avec les médicaments", ajoute-t-il.
Son équipe a analysé les parcours médicaux de plus de 100 000 patients hospitalisés pour un infarctus de type STEMI. Les victimes ont été hospitalisées dans 1 727 établissements américains de janvier 2014 à octobre 2015, et la plupart ont été envoyées en soins intensifs après leur opération. Bilan : une augmentation des coûts de soins, et des chances de survie similaires à celles d’une hospitalisation classique.
Débat chez les cardiologues
Si les directives européennes recommandent les soins intensifs pour les victimes d’une crise cardiaque de type STEMI, les Etats-Unis n’ont jamais abordé cette question. "Chez nous, tous les patients ayant fait un STEMI sont admis en soins intensifs", constate Michael Thomas, qui dirige l'unité de soins intensifs de la Michigan Medicine. "Mais savoir où envoyer ces malades fait débat chez les cardiologues en ce moment", affirme-t-il.
"Des études récentes suggèrent que de nombreux patients n'ont pas besoin de soins intensifs et que cela gaspille les ressources. Mais avant de changer de modèle, nous devons nous assurer de bien en comprendre les tenants et les aboutissants", poursuit-il. En France, 46 000 arrêts cardiaques ont lieu tous les ans. Le taux de survie après 30 jours est de 4,9%, augmentant à 10,4% lorsqu’un massage cardiaque a été effectué immédiatement après la perte de conscience.