Peut-on se fier les yeux fermés aux labels quand on souhaite manger des produits de l’agriculture biologique, produits éthiquement et localement ?
Non, si l’on en croit 60 millions de consommateurs. Dans un numéro hors-série, le magazine de l’association déplore que certains labels se soient progressivement mués en "argument marketing de poids", au détriment du porte-monnaie des consommateurs. Selon les chiffres révélés ce mardi par l’Agence Bio, 5% des achats alimentaires des Français sont des produits bio.
Dans le viseur de l’association : le label français AB (pour "Agriculture Biologique"), qui ne garantit aux consommateurs ni forcément sains, ni produits de manière éthique. "À l'heure où les scandales alimentaires s'enchaînent, le logo fait figure de Graal. Pourtant il est loin d'être sans failles", explique ainsi Christelle Pangrazzi, rédactrice adjointe du magazine 60 millions de consommateurs. "En optant pour le bio, le consommateur devrait avoir la garantie d’acheter responsable d’un point de vue aussi bien nutritionnel qu’écologique ou éthique".
Des produits contaminés aux polluants extérieurs
Or, l’enquête menée par 60 millions de consommateurs sur 130 produits issus de l’agriculture biologique dans 14 catégories alimentaires montre que le label AB comporte de nombreuses failles.
Si les fruits bio, et en particulier les pommes et les bananes s’en sortent bien avec aucun résidu de pesticides découvert, ce n’est en revanche pas le cas du lait bio. Vendues en moyenne 30% plus chères que le lait issu de l’agriculture conventionnelle, les neuf références testées par 60 millions de consommateurs ont montré la faible présence de dioxines, qui sont des molécules issues de rejets industriels et notamment des incinérateurs.
Elles contenaient aussi des polychlorobiphényles, ou PCB, qui sont des produits chimiques s’accumulant dans les sols et les cours d’eau et y persistant pendant des années. Tous deux sont des perturbateurs endocriniens classés cancérogènes pour l’humain. Selon le magazine, "cette différence peut s’expliquer par le fait que les vaches en filière bio passent plus de temps au pré et se trouvent davantage au contact d’eaux et de sols contaminés".
Les six références d’œufs bio testées contiennent elles aussi des traces de dioxine et de PCB. Même si les seuils fixés par la réglementation ne sont jamais dépassés, les œufs bio présentent des taux de contamination aux polluants extérieurs supérieurs à ceux de l’agriculture conventionnelle.
Des produits trop gras, trop sucrés et non-éthiques
Dans son enquête, 60 millions de consommateurs pointe aussi l’illusion produite par le fameux label AB : en consommant des jus de fruits, des chips ou des biscuits bio, on peut à tort penser que ces derniers sont meilleurs pour notre santé que ceux issus de l’agriculture conventionnelle. C’est faux, rappelle le magazine, qui explique qu’une "consommation régulière de ces produits peut conduire à développer des maladies comme le diabète de type 2 ou encore la stéatose hépatique, la 'maladie du foie gras'". Quant aux charcuteries bio, elles contiennent elles aussi des nitrites de sodium, des conservateurs classés cancérogènes.
Le magazine liste encore de nombreuses dérives du bio, parmi lesquelles l'exploitation de travailleurs immigrés dans les champs, l'utilisation de l'huile de palme, l’exploitation intensive ou encore l’impact carbone important des fruits bio hors-saison et importés.