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Cancer de la vessie : le seul traitement pour soigner ce patient n'est pas remboursé

Une seule injection de pembrolizumab coûte 5000 euros, et reste donc inaccessible pour la plupart des malades. A Cagnes-sur-mer, un médecin se bat pour sauver l'un de ses patients.

Cancer de la vessie : le seul traitement pour soigner ce patient n'est pas remboursé DmitryTkachev / istock.




A Cagnes-sur-mer, un médecin se bat pour sauver l'un de ses patients atteint d’un cancer de la vessie. Seul le pembrolizumab, une immunothérapie, pourrait en venir à bout. Problème : une seule injection du traitement coûte 5000 euros, sans être remboursée par la sécurité sociale.

"Un seul patient peut grever le budget de l'hôpital"

"Pour M. René Esteve, je n’ai pas d’autres solutions possibles car il a une autre pathologie par ailleurs qui fait que je ne peux pas utiliser de chimio sinon je le mets en danger", explique à France Info le Docteur Jérôme Barrière, oncologue à la clinique Saint Jean. "Aucun établissement ne peut supporter de prendre en charge un médicament qui n'est pas remboursé. Comme c'est onéreux, un seul patient peut grever le budget de l'hôpital", se désole-t-il.

René Esteve, 76 ans, se bat contre la maladie depuis trois ans, et ne reçoit plus aucun traitement depuis deux mois, faute de moyens. Pourtant, la Haute Autorité de Santé est favorable à la prise en charge du pembrolizumab. "L’étude pivot KEYNOTE- 045 a estimé la durée de vie moyenne à 1,57 année chez les patients traités par pembrolizumab versus 0,94 année chez ceux traités par une chimiothérapie, soit un gain moyen d’environ +7,6 mois par patient. Le gain moyen en survie ajustée à la qualité de vie a été estimé à 4,8 mois par patient par rapport à la chimiothérapie. Le taux de survie à 5 ans a été estimé à 16% avec pembrolizumab et 1,7% avec la chimiothérapie", note-t-elle dans un rapport.

Des problèmes administratifs

Le laboratoire MSD, qui commercialise le pembrolizumab, évoque des problèmes administratifs : "un accord de prix a été signé entre MSD et les autorités (...) mais pour des raisons administratives, le financement (...) dans cette indication n’est toujours pas publié". En France, l’incidence du cancer de la vessie est faible. Les projections de l’incidence et de la mortalité mises à jour en 2018 estiment à 13 338 le nombre de nouveaux cas, dont 5 013 décès.

Le carcinome urothélial est le cancer de la vessie le plus fréquent ; plus de 95 % cas sont liés au tabac. Pour les formes les plus sévères, dites "infiltrantes", la chimiothérapie à base de cisplatine fait partie de la prise en charge standard. Mais cette molécule ne peut pas être administrée à tous les patients, en particulier les plus âgés.

"Les patients ont souvent des problèmes annexes liés au tabac, cardiovasculaires ou pulmonaires, et sont donc fragilisés", explique Olivier Mir, oncologue à l’Institut Gustave Roussy de Villejuif. "L’administration de cisplatine nécessite également une bonne fonction rénale, or celle-ci décline avec l’âge", ajoute-t-il. Au final, près de la moitié des patients seraient non-éligibles au cisplatine, et donc potentiellement bénéficiaires du pembrolizumab.

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