Le mélanome cutané fait partie des cancers dont l’incidence et la mortalité sont en forte hausse depuis les années 1980, notamment à cause de notre exposition au soleil et des centres de bronzage à UV, qui pompent notre capital soleil et favorisent l'apparition de lésions cancéreuses. En 2017, 15 404 mélanomes ont été diagnostiqués en France et 1783 décès déplorés.
Un essai clinique dirigé par l'Institut Gustave Roussy, présenté au congrès de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO) et publié simultanément dans le New England Journal of Medicine, démontre les bénéfices d’une bithérapie ciblée dans le traitement du mélanome métastatique avec une mutation BRAF V600.
Cette mutation du gène que l'on nomme "BRAF", joue un rôle dans la prolifération très rapide des cellules tumorales. Elle rend de fait ce type de mélanome difficile à traiter. Jusqu'à l'introduction de cette bithérapie, le mélanome métastatique avait un pronostic très défavorable.
Des bénéfices confirmés à quatre et cinq ans
Mais l’association du dabrafenib et du trametinib, deux anticancéreux qui ciblent une voie de signalisation intracellulaire spécifiquement impliquée dans le processus cancéreux, semble prolonger la survie sans progression et améliorer la survie globale de nombreux malades. Les données de 563 patients atteints d’un mélanome métastatique avec une mutation BRAF recevant deux doses quotidiennes de 150 mg de dabrafenib et une dose quotidienne de 2 mg de trametinib, ont été analysées.
"Les premiers résultats à trois ans (...) publiés en 2017, montraient que la maladie n’avait pas progressé chez 23 % des patients et que 44 % étaient toujours en vie", précise l'Institut Gustave Roussy dans un communiqué. Dans cette nouvelle étude, "ces bénéfices sont confirmés à quatre et cinq ans avec une maladie stabilisée chez respectivement 21 et 19 % des patients, et des taux de survie globale atteignant 37 et 34%".
Des disparités selon les patients
Les chercheurs ont toutefois observé des disparités parmi les patients, selon le nombre de métastases et les taux de LDH sériques (les lactatodehydrogénases, enzymes dont le taux élevé signe l’agressivité du mélanome).
"25 % des patients dont la maladie n’avait pas progressé présentaient un taux normal de LDH, contre seulement 8 % chez ceux dont le taux était élevé ; le taux de survie globale était lui aussi considérablement supérieur, 43 % vs 16 % ; Chez ceux ayant à la fois un taux normal de LDH et moins de trois sites métastatiques, ces taux s’élevaient respectivement à 31 % et 55%", précise l'Institut.
A noter que la quasi-totalité des participants (98%) a ressenti des effets indésirables (98 %), "mais tous étaient connus et attendus (fièvre, éruptions cutanées, diarrhées...) différents de ceux observés avec l’immunothérapie par anti-PD1". 18% des patients ont tout de même été obligés d'interrompre leur traitement.
"Près de 20 % des malades répondent à cette bithérapie ciblée"
De façon globale, "une réponse objective est obtenue chez 68 % des patients traités, rapporte la Pre Caroline Robert, cheffe du service de Dermatologie à Gustave Roussy. Et près de 20 % des malades répondent de façon complète à cette bithérapie ciblée et ne présentent plus aucune métastase visible après seulement quelques mois de traitement".
Ces bons résultats ne doivent cependant pas masquer un taux de décès encore élevé : 62 % au moment de l’analyse des données. "Même si les progrès réalisés depuis plusieurs années sont importants, on déplore encore beaucoup de décès à cinq ans", tempère la Pre Robert, qui précise que d'autres études sont menées sur le sujet.