Vous n’avez envie de rien faire ? Est-ce un élan de fainéantise ou votre cerveau qui vous joue des tours ? Des chercheurs américains montrent que lorsque nous avons une inflammation dans le corps, des mécanismes hormonaux diminuent notre motivation. Leurs résultats sont publiés dans la revue Trends in Cognitive Science.
Quand le cerveau économise son énergie
"Quand votre corps combat une infection ou guérit une blessure, explique Michael Treadway, le co-auteur de la recherche, votre cerveau a besoin d’un mécanisme pour réajuster votre motivation à faire d’autres choses, afin que vous n’épuisiez pas toute votre énergie." Les chercheurs ont rassemblé les résultats de diverses études sur les liens entre manque de motivation et inflammation.
Les cytokines sont des molécules pro-inflammatoires. Lorsqu’elles sont actives, elles agissent sur la dopamine, une hormone et un neurotransmetteur important dans le système de la récompense. L’organisme d’une personne atteinte d’inflammation chronique de faible intensité, à cause de l’âge ou du stress, s’adapte à cette condition : il fait en sorte d’économiser de l’énergie pour combattre l’origine de l’inflammation.
Des traitements immunitaires pour soigner la dépression ?
Pour les scientifiques, si ces hypothèses se confirment, cela pourrait permettre de créer de nouveaux traitements pour soigner des troubles mentaux, comme la dépression, en agissant sur les cellules immunitaires. Ils insistent toutefois sur le fait que l’inflammation n’est pas la cause de tous les problèmes mentaux. "L’idée est que certaines personnes atteintes de ces troubles ont potentiellement une sensibilité particulière aux effets du système immunitaire, indique Michael Treadway, et cette sensibilité pourrait contribuer au manque de motivation qu’elles ressentent."
Depuis plusieurs années, la recherche scientifique s’intéresse aux liens entre dépression et inflammation. Des études ont constaté la présence de cytokines dans le cerveau et l'organisme de personnes atteintes de dépression sévère. Dans ces cas, un traitement anti-inflammatoire pourrait permettre de soigner la maladie, en complément des anti-dépresseurs.