Des médecins portés à l’écran ou taillés en pièces au théâtre, on connaissait. Mais le contraire est beaucoup moins fréquent.
Toute l’histoire est partie d’un constat : « Les étudiants ne se forment à la relation au patient qu’au travers de stages en milieu hospitalier, explique au journal La Croix, Pierre Pottier, médecin interniste et professeur à l’université de Nantes. Lors de ces stages, ils se rendent en équipe au lit des malades et n’expérimentent pas le face-à-face avec un patient ».
Alors, dans une petite salle de l’université, les étudiants en médecine de 3e et 5e années suivent un enseignement de simulation avec des comédiens pour travailler sur la relation avec le patient. Apprendre à poser un diagnostic, annoncer une maladie grave ou gérer une relation médecin-parent-enfant, les scénarios sont co-écrits par le comédien et l’enseignant.
Les situations sont réelles et les personnages choisis dans une galerie de portraits allant du taciturne ou plus joyeux. « Ma première patiente, raconte Claire, étudiante de 21 ans, n’est restée que 5 minutes. C’était très dur car elle ne voulait pas parler ». Un autre patient imaginaire, lui, a demandé au médecin d’arrêter de jouer en permanence avec son stylo ». Un troisième a tenté de déconcentrer le professionnel en l’embarquant sur ses soucis personnels.
Ces comportements désagréables ou inhabituels peuvent conduire les étudiants à oublier des questions importantes ou à bâcler l’auscultation. Mais ces exercices leur permettent à chaque fois de découvrir la médecine du quotidien. Chaque consultation, précise le quotidien, dure au maximum un quart d’heure, donne lieu à évaluation du comédien, puis de l’enseignant.
Très courants aux Etats-Unis, au Canada et en Europe du Nord, ces programmes sont financés à Nantes par des dons privés. Mais les promoteurs espèrent poursuivre cet enseignement avec des fonds publics.