Contrairement au tabac, les cabines de bronzage ne subissent aucun encadrement de leurs prix et de leurs publicités, selon une nouvelle étude. Faire des UV provoque pourtant des cancers de la peau (ou "mélanome"), au même titre que les cigarettes.
Des prix cassés
Des chercheurs de la Colorado School of Public Health dénoncent le fait que l’industrie des cabines UV vise délibérément à attirer les jeunes, via des prix cassés, des services gratuits ou des offres d’abonnement complémentaire à des salles de sport. Notre étude démontre que "de nombreuses entreprises offrent leur service à faible coût, ce qui en facilite l’accès pour les adolescents et les jeunes adultes", explique Nancy Asdigian, auteure principale. "Les jeunes ne peuvent pas bronzer quand ils n’en ont pas les moyens. L'industrie capitalise sur cela pour promouvoir ce comportement à risque", affirme-t-elle, estimant que le taux d’utilisation des cabines de bronzage est encore bien trop élevé.
Les membres de son équipe se sont fait passer pour des clients et ont contacté 94 instituts de beauté à Akron, Denver, Austin, Boston, Portland et Pittsburgh. 35% de ceux qui fournissaient des cabines UV en plus d’autres services (coiffure, manucure) en donnaient l’accès gratuitement. Presque tous les instituts de bronzage contactés offraient des réductions de prix limitées dans le temps. "Ils offrent des forfaits qui encouragent un bronzage plus fréquent. Plus vous les utilisez, moins les cabines UV sont chères", résume Nancy Asdigian.
"Faire cesser l’exposition de la population aux UV artificiels"
En France, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a publié un avis en octobre dernier réclamant la fermeture des cabines de bronzage pour risque de cancer "avéré", notamment chez les jeunes."Les personnes ayant eu recours au moins une fois aux cabines de bronzage avant l'âge de 35 ans augmentent de 59% le risque de développer un mélanome cutané", alerte l’institut.
Les experts estiment que 43% des mélanomes chez les jeunes peuvent être attribués à une utilisation des cabines de bronzage avant l’âge de trente ans, et recommandent "en conséquence aux pouvoirs publics de prendre toute mesure de nature à faire cesser l’exposition de la population aux UV artificiels émis par les cabines de bronzage à des fins esthétiques".
En janvier 2016, une nouvelle loi a été promulguée afin d’endurcir les règles déjà existantes. Affirmer que l’exposition aux UV artificiels est bonne pour la santé est interdit et puni d’une amende de 100 000 euros. Les entreprises qui commercialisent ces cabines ont aussi un devoir d’information et l’obligation d’afficher les risques sanitaires liés aux UV artificiels.