Samedi 15 juin, un homme de 49 ans se présente aux urgences du CHU d'Angers avec des douleurs à la poitrine. L'infirmière étant seule et déjà prise par un autre patient, donc "la dame qui accompagnait le patient a décidé de repartir des urgences pour conduire la voiture" vers la clinique de l’Anjou située à "environ 15-20 minutes en voiture", raconte Christian Lemaire, co-secrétaire du syndicat Sud au CHU d'Angers à France 3 Pays de la Loire. Peu après, "la clinique a appelé les urgences pour dire que le patient était décédé dans son véhicule, arrivé sur le parking".
"Le problème est que malheureusement la famille est partie très, très vite et que le patient est resté moins de 12 minutes dans les urgences, 12 minutes c'est moins que notre délai habituel de prise en charge, entre le moment où le patient est admis administrativement, ce qui était le cas, et le moment où une infirmière vient le prendre en charge", a quant à lui expliqué le professeur Sigismond Lasocki, chef du pôle anesthésie SAMU-Urgences-Réanimation CHU Angers, ce mardi 18 juin lors d’une conférence de presse.
Une situation dramatique qui illustre "le dysfonctionnement des Urgences"
Toutefois, pour Christian Lemaire, "il n'a pas pu être pris en charge rapidement, parce qu'il y avait un manque d'effectifs". "Cette situation dramatique illustre le dysfonctionnement des Urgences lié exclusivement, dans ce cas précis, à un nombre de personnel présent très en deçà des effectifs prévus afin de garantir la sécurité des prises en charges des usagers", précise l’Intersyndicale.
A l’heure actuelle, "il n'y a aucune suspicion qui permette de penser qu'il y a eu dysfonctionnement au niveau des urgences", a indiqué le procureur de la République d’Angers qui ne prévoit pas de basculer vers une enquête pour homicide involontaire ou non assistance à personne en danger.
"Nous faisons l'objet d'une instrumentalisation indécente sur cette affaire", s’est quant à lui insurgé Sébastien Treguenard, directeur général adjoint du CHU d'Angers, assurant que l’hôpital est "en contact avec la famille qui est choquée et ne comprend pas l'exploitation médiatique".
Une nouvelle manifestation nationale prévue
Si les médias s’intéressent autant à cette affaire c’est qu’elle intervient dans un contexte de crise sans précédent au niveau des urgences. Le collectif Inter-Urgences vient de voter pour la poursuite du mouvement de grève commencé mi-mars. En effet, l’organisation juge "insatisfaisante" les 70 millions d’euros débloqués par le gouvernement pour apaiser la situation.
Outre 300 euros d’augmentation de salaire, les soignants réclament l’arrêt de fermetures de lits et une augmentation des effectifs. Au quotidien, "c’est des brancards saturés, (des) locaux qui ne sont plus adaptés pour accueillir une population de plus en plus importante, c’est 10 h-12 h avant de voir un spécialiste, 6-7 h avant de voir un médecin", dénonçait Candice Lafarge, représentante du collectif et aide-soignante à l’hôpital Saint-Antoine à Paris, il y a quelques jours au micro de France Inter.
Dans l’espoir de pousser le gouvernement à donner plus, Inter-Urgences prévoit désormais une "action" devant les agences régionales de santé (ARS) le 20 juin ainsi qu’une nouvelle "manifestation nationale" le 2 juillet.