C’est une piste prometteuse pour les personnes atteintes d’achondroplasie, une maladie génétique causée par une anomalie de la croissance de l’os ou du cartilage de l’os, et qui est aujourd’hui la forme la plus courante de nanisme.
Dans une étude publiée dans le New England Journal of Medicine, des chercheurs de neuf institutions médicales expliquent avoir mis au point un médicament expérimental qui interfère avec certaines protéines qui bloquent la croissance osseuse. Appelé vosoritide et testé sur 35 enfants et adolescents atteints d'achondroplasie, il a permis d'augmenter en moyenne de 6 centimètres par an la taille moyenne des patients.
Une mutation génétique rare
Bien que rare, l’achondroplasie est la forme de nanisme la plus courante dans le monde, affectant environ une naissance vivante sur 15 000 à 40 000. Elle est causée par une mutation du gène FGFR 3 porté sur le chromosome 4 et entraîne la production excessive de protéines qui ralentissent la croissance osseuse. Le trouble est marqué par une taille disproportionnée et courte avec des membres raccourcis, des torses de taille presque normale et une tête élargie.
Il n’existe actuellement aucun traitement capable d'inverser l'achondroplasie ou de traiter le coupable génétique lui-même, d’où l’espoir suscité par le vosoritide. Ce médicament expérimental est une version synthétique d’une protéine présente chez l’humain et appelée peptide natriurétique de type C, qui permet de bloquer le flux des facteurs de croissance négatifs qui ont été déclenchés par la mutation du gène FGFR 3. "Il s'agit de la première option thérapeutique qui cible la cause moléculaire de la maladie", explique la Pre Julie Hoover-Fong, du Johns Hopkins McKusick-Nathans Institute of Genetic Medicine.
2 centimètres supplémentaires par an
Pour le tester, les chercheurs ont donc recruté 35 enfants âgés de 5 à 14 ans (19 filles et 16 garçons) et les ont suivis pendant 42 mois. Après un suivi de six mois pour déterminer leur taux de croissance, les participants ont reçu pendant les six mois suivant une injection quotidienne de vosoritide à des doses allant de 2,5 à 30 microgrammes/kilogramme. À l’issue des quatre ans qu’a duré l’étude, et après le désistement de 6 enfants, les chercheurs ont constaté une augmentation du taux de croissance annuel de moins de 4 centimètres par an à un peu moins de 6 centimètres par an. "Ils ont augmenté de près de 2 centimètres de plus, en moyenne, par an, et ce taux se rapproche de la croissance annuelle des personnes de taille moyenne", fait savoir Julie Hoover-Fong.
De plus, les chercheurs ont constaté que cette augmentation du taux de croissance a duré près de quatre ans, d’où leur décision de poursuivre auprès des enfants les injections de vosoritide jusqu'à ce qu'ils atteignent leur taille adulte finale ou qu'ils choisissent de se retirer de l'étude.
Autre avantage à ce traitement : les effets secondaires considérés comme légers et réversibles. "Il est important de noter qu'aucun des enfants n'a eu de réaction anaphylactique au médicament et qu'aucun n'a développé un problème d'hypotension nécessitant une intervention médicale, ce qui était une préoccupation avec ce type de médicament", insiste le Pr Hoover-Fong.
Actuellement, des essais cliniques sont en cours sur le vosoritide, y compris une étude randomisée, en double aveugle et contrôlée par placebo chez plus de 100 enfants et adolescents atteints d'achondroplasie dans le monde. Elle devrait prendre fin en 2019, et une étude mondiale sur le médicament chez 70 enfants de moins de 5 ans est en cours.