Objets connectés pour une meilleure prise en charge des patients, logiciels intelligents capables de poser un diagnostic sans l’intervention d’un médecin, assistance robotique pendant les opérations chirurgicales…
Comme pour les transports, le monde du travail ou celui des loisirs, le domaine de la santé est aujourd’hui en pleine révolution : celle de la robotique et de l’intelligence artificielle. De plus en plus utilisée par les praticiens pour les aider à diagnostiquer des pathologies ou pratiquer des soins, la télémédecine n’est pas exempte de limites ou de critiques. Nombreux sont ceux à pointer un rapport de plus en plus déshumanisé de la médecine ou encore de rappeler le risque de piratage auxquels exposent ces objets connectés.
Des résultats contrastés
Mais qu’en pensent réellement les Français ? Pour connaître la réponse, des chercheurs de l’Assistance publique Hôpitaux de Paris (AP-HP) ont interrogé 1 200 participants de la cohorte "Communauté de patients pour la recherche" (ComPaRe) suivis pour diverses pathologies et répondant régulièrement à des questionnaires sur la santé. LeurS résultats sont publiés dans la revue Nature Digital Medicine.
Le résultat est bien plus nuancé que l’on pourrait le croire. Interrogés sur l’utilisation des nouvelles technologies dans les domaines de la santé et de la médecine, 47% des répondants considèrent que l’intelligence artificielle et les objets connectés sont une grande opportunité de progrès pour la santé. Ils jugent d’ailleurs ces nouveaux outils comme utiles pour "améliorer leur suivi et la réactivité des soins". 11% les jugent cependant dangereux. Ils redoutent notamment un "remplacement inapproprié de l'intelligence humaine", des "risques importants de piratage" des données personnelles ou encore un "mauvais usage des données de santé par des tiers".
La crainte d’une médecine déshumanisée
Une très large majorité de Français s’oppose par ailleurs à une médecine totalement connectée, dans laquelle le rapport aux soins serait entièrement automatisé et donc déshumanisé. 78% des répondants ont ainsi déclaré refuser d’adhérer à des soins pratiqués sans aucune intervention humaine.
Pour connaître davantage les limites que posent les patients à l’utilisation des nouvelles technologies dans la pratique des soins, les chercheurs leur ont proposé quatre outils sur lesquels ils devaient donner leur avis. Le premier est un logiciel capable d’analyser des photographies pour diagnostiquer un éventuel cancer de la peau, le deuxième est constitué de capteurs connectés pour répondre à des maladies chroniques, une chemise connectée pour piloter les soins de kinésithérapie et enfin un robot conversationnel pour établir des diagnostics en toute autonomie.
35% des patients ayant répondu au sondage refuseraient au moins l’un de ces quatre outils et 41% les utiliseraient que si leur utilisation est contrôlée par un humain. A contrario, 22 % des participants ont dit accepter d’utiliser l’un de ces nouveaux outils sans contrôle humain et seuls 3 % ont déclaré être d’accord pour tout accepter, sans contrôle humain.
Pour les auteurs de l’étude, ces résultats démontrent la nécessité de mieux "prendre en compte les perceptions et les besoins des patients", pour "tirer le meilleur parti de la technologie sans remettre en cause la relation humaine dans l'acte médical, créer un fardeau supplémentaire ou s'immiscer dans la vie des patients".