La papaye, la figue, les feuilles de neem...tous ces ingrédients naturels sont très efficaces pour éviter de tomber enceinte si l’on en croit un tweet aimé 14 000 fois et largement relayé sur Internet depuis sa publication le 5 juin. Mais il ne faut pas gober tout ce qu’on vous raconte sur la toile, s’inquiètent les experts selon qui l’efficacité de ces remèdes de grand-mère, ou de hipster, au choix, n’est aucunement prouvé scientifiquement. Pire, certains peuvent même être dangereux.
"Certaines de ces choses ne devraient pas être consommées du tout", s’alarme ainsi Nathaniel DeNicola, un professeur assistant à l’Université George Washington aux Etats-Unis interrogé par BuzzFeed News. En effet, si quelques un des ingrédients listés dans le Tweet incriminé étaient utilisés dans la médecine moyenâgeuse, de nombreuses plantes citées peuvent être très dangereuses toxiques, à l’exemple de la menthe pouliot, utilisée dans les pesticides.
"La menthe pouliot provoque le flux prémenstruel et aide à lancer un avortement automatique. Souvent elle est prescrite avec d’autres herbes pour éviter la grossesse. Faîtes bouillir 8 onces d’eau de source ou distillée", est-il vaguement recommandé dans ce tweet. Pourtant, cette plante peut provoquer de sérieux dommages pour les reins, le foie et le système nerveux. Elle peut aussi entraîner des nausées, des vomissements des douleurs abdominales, une haute pression sanguine et même des problèmes aux poumons ou/et au cerveau.
Plusieurs personnes se sont empoisonnées en consommant de la menthe pouliot
Pire encore, elle a provoqué son lot de décès au fil des siècles. Parmi les victimes, une jeune fille de 18 ans qui avait pris 28 grammes de menthe pouliot pour essayer d’avorter par elle-même. Une autre malheureuse est quant à elle morte à 23 ans après avoir avalé une cuiller de menthe pouliot dans l’espoir de déclencher ses règles.
Mais fort heureusement tout le monde n’est pas dupe sur les réseaux sociaux. "Tu nous recommandes de nous empoisonner", s’énerve une internaute. "C’est complètement faux et tu fais de la désinformation. Vous savez ce qui fonctionne ? La pilule contraceptive et les préservatifs", rétorque une autre. "Personne ne pense que manger de la papaye deux fois par jour lui évitera de tomber enceinte, pas vrai ?", "J'ai bien une idée de comment une papaye pourrait éviter de tomber enceinte mais ça doit faire très mal", se moquent deux autres utilisatrices de Twitter.
À l’heure où les méthodes classiques recommandées par la médecine moderne séduisent de moins en moins, de nombreuses personnes veulent revenir à des techniques plus naturelles, ce qui les poussent à relayer toute sorte d’informations peu sérieuses sur les réseaux sociaux. Ainsi, sur YouTube, plusieurs vidéos circulent affirmant que boire du lait à l’ail peut prévenir des risques de grossesse. Mais la vérité scientifique est toute autre puisque l’ail, au contraire, rend la pilule contraceptive moins efficace.
La pilule contraceptive de moins en moins appréciée
Il y a peu de temps, une autre information loufoque du genre avait fait polémique sur la toile. Ainsi, plusieurs jeunes femmes incitaient à se mettre des gousses d’ail dans le vagin pendant trois jours pour soigner les mycoses. Cette recommandation, inefficace et qui plus est dangereuse elle aussi, avait fait hurler une gynécologue américaine du nom de Jen Gunter qui s’était personnellement emparée du sujet.
Mais si ces méthodes de grand-mère sont fortement déconseillées par les professionnels de santé, force est de constater que la pilule est de moins appréciée des femmes, et pas seulement car elles ont peur d'oublier de la prendre quotidiennement à heure fixe. Baisse de libido, prise de poids, saignements irréguliers et ballonnements pour certaines, polémique sur les risques de cancers du sein, du col de l’utérus et du foie…cette méthode de contraception a eu mauvaise presse ces derniers années.
Aussi, si vous voulez vous débarrassez de votre système de contraception hormonal (pilule ou implant) et avez peur de tomber enceinte, plutôt que vous tourner vers Internet, rendez-vous chez votre gynécologue pour discuter des autres possibilités. Parmi elles, le stérilet non hormonal (à éviter pour celles souffrant d’endométriose). Et en attendant, pensez bien évidemment aux préservatifs.