Suite au Congrès Annuel de la Société de Pédiatrie, les professionnels pointent une évolution préoccupante des habitudes alimentaires des enfants et des adolescents français. Tout d’abord, les jeunes enfants boivent moins de lait, donc moins de calcium. Entre 2010 et 2016, la consommation est passée de 237 ml/jour à 202 chez les 3 à 5 ans et de 211 ml/jour à 181 chez les 6-8 ans. Conséquence : le nombre d'enfants en dessous du BNM (besoin nutritionnel moyen) en calcium est en augmentation et est passé, sur 6 ans, de 4% à 20% chez les 3 à 5 ans et de 20% à 37% chez les 6-8 ans.
Moins de calcium
Pour rappel, les besoins nutritionnels moyens en calcium sont de 385 mg/j pour les 1-3 ans, 539 mg/j pour les 4-6 ans et 693 mg/j pour les 7-9 ans. Un verre de lait équivaut à un apport en calcium de 170 mg, un yaourt à 160 mg et une part de 20 g de fromage à 126 mg.
"Cette baisse de consommation observée depuis 2010 peut s'expliquer par l'augmentation du nombre de petits déjeuners sautés au cours de la semaine, par la baisse de la quantité de lait prise au petit déjeuner pour ceux qui en prennent mais aussi par un désengagement des parents, les enfants se préparant eux-mêmes le petit déjeuner", expliquent les pédiatres. Ils ajoutent que "la diminution de la consommation de lait n'est pas compensée par d'autres produits laitiers ou aliments consommés à un autre repas", et que "cette baisse est particulièrement préoccupante car elle atteint les jeunes enfants en croissance à un âge où les besoins en calcium augmentent et où se construisent les habitudes alimentaires".
Diminution de la consommation de fruits et de légumes
D’autres tendances négatives apparaissent, comme la diminution de la consommation de fruits et de légumes (45% des jeunes de 3 à 17 ans consomment moins de deux portions de fruits et légumes par jour), de produits carnés et une augmentation de la consommation de pizzas, sandwiches et autres produits transformés.
Par ailleurs, de plus en plus d'adolescents sont tentés de suivre des "régimes d'exclusion" comme le végétalisme, qui conduit inéluctablement à des carences nutritionnelles ayant des impacts sur toute la vie. Comme l'explique le Professeur Patrick Tounian, chef du service de nutrition et gastroentérologie pédiatriques à l'Hôpital Trousseau (Paris 12e), "les carences nutritionnelles à craindre sont celles en fer, calcium, vitamine D, vitamine B12 et DHA (un acide gras semi-essentiel). Les conséquences sont principalement neurologiques (retard intellectuel, troubles psychiatriques, séquelles neurologiques) et osseuses (augmentation du risque de fracture)".