Une nouvelle thérapie capable de cibler les bactéries intestinales a été mise au point pour prévenir et soigner les allergies alimentaires. Elle a été présentée dans la revue Nature Medecine. "Il s'agit d'un changement radical dans notre approche thérapeutique des allergies alimentaires", explique Lynn Bry, co-auteure principale de la recherche.
Réinitialiser le système immunitaire
"Nous avons identifié les microbes qui sont associés aux allergies alimentaires et ceux qui ne le sont pas. Si nous administrons des consortiums définis de microbes protecteurs, non seulement nous pouvons prévenir les allergies alimentaires, mais nous pouvons aussi les soigner. Avec ces microbes, nous réinitialisons le système immunitaire", poursuit-elle.
Son équipe a prélevé à plusieurs reprises des échantillons de selles de 56 nourrissons souffrant d’allergies alimentaires, et a constaté de nombreuses différences en comparant leur microbiote à celui de 98 bébés n'ayant pas d'allergies alimentaires. Ces échantillons de microbiote fécal ont alors été transplantés chez des souris. Les rongeurs qui ont reçu le microbiote de témoins sains étaient mieux protégés contre l'allergie aux œufs que ceux chez qui a été intégré du microbiote de nourrissons souffrant d'allergies alimentaires.
Evolution des modes de vie
Partant de cette observation, les scientifiques ont développé deux consortiums de bactéries anti-allergies. "Il est très compliqué d'examiner tous les microbes présents dans l'intestin et de comprendre leur influence sur l'allergie alimentaire, mais en utilisant des approches informatiques, nous avons pu cibler un groupe spécifique de microbes qui sont associés à un effet protecteur", explique Georg Gerber, codirecteur du Massachusetts HostMicrobiome Center.
Actuellement, quelques 3% de la population aurait une allergie alimentaire évolutive et 8% des enfants une allergie alimentaire, ce chiffre incluant les dermatites atopiques. En 1970, seulement 1% de la population était concernée. Il y a cinq ans, les malades étaient deux fois moins nombreux qu'aujourd'hui. "L'évolution des modes de vie, la disponibilité pour le plus grand nombre d'aliments en provenance de pays lointains, la transformation toujours plus poussée des produits alimentaires contribuent à la dissémination de nouveaux allergènes, parfois sous forme masquée, ce qui crée des difficultés pour l'évaluation des risques", note le ministère de la Santé.