Les antidépresseurs et le tradamol interagissent, selon une nouvelle étude publiée dans la revue Pharmacotherapy. De ce fait, cet antalgique courant peut être moins efficace pour traiter la douleur lorsqu’il est pris par des personnes dépressives, lesquelles ont tendance à abuser de ce médicament.
Besoin de trois fois plus d'analgésiques
Les chercheurs ont examiné les dossiers médicaux de 152 patients ayant consommé du tradamol régulièrement pendant au moins 24 heures. Parmi les participants, ceux qui prenaient également des antidépresseurs (prozac, paxil, wellbutrin) ont eu besoin de trois fois plus d'analgésiques pour supporter une douleur aigue.
"Le tramadol repose sur l'activation de l'enzyme CYP2D6 pour soulager la douleur", explique Derek Frost, auteur principal de l'étude. "Mais cette enzyme peut être inhibée par certains types de médicaments, comme les antidépresseurs". Des millions de personnes pourraient ainsi souffrir de cette interaction médicamenteuse.
"Ces médicaments sont super courants" poursuit le scientifique. "Par ailleurs, la douleur chronique, la dépression et l'anxiété vont souvent de pair. De nombreux patients souffrant de douleur chronique prennent aussi des antidépresseurs". Pour éviter cette interaction, il faut soit cibler les antidépresseurs qui n’inhibent pas l'enzyme CYP2D6, comme le zoloft (sertraline), le citalopram (celexa) et le lexapro (escitalopram), soit éviter le tradamol en prescrivant d’autres antidouleurs.
La prescription d’opioïdes forts a augmenté d’environ 150%
En 2017, l’antalgique opioïde le plus consommé en France était le tramadol, suivi de la codéine et de la poudre d’opium associée au paracétamol. Viennent ensuite la morphine, l’oxycodone puis le fentanyl. Depuis 2006, la prescription d’opioïdes forts a augmenté d’environ 150% (l’oxycodone marque l’augmentation la plus importante).
Résultat : le nombre d’hospitalisations liées à la consommation d’antalgiques opioïdes obtenus sur prescription médicale a augmenté de 167% entre 2000 et 2017, passant de 15 à 40 hospitalisations pour un million d’habitants. Le nombre de décès liés à la consommation d’opioïdes a augmenté de 146% entre 2000 et 2015, avec au moins 4 décès par semaine.