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Cancer : agir sur le système immunitaire avant que la maladie ne survienne

Pour la première fois, une équipe française est parvenue à prédire l’évolution du cancer du poumon en mesurant la réponse immunitaire des patients aux lésions précancéreuses. 

Cancer : agir sur le système immunitaire avant que la maladie ne survienne Meletios Verras/iStock




Peut-on prévenir l’apparition du cancer du poumon en analysant le système immunitaire dès l’apparition des premières cellules précancéreuses ?

L’équipe de recherche de l’Inserm dirigée par Jérôme Galon a tenté de répondre à cette question. Dans un article publié ce 26 juin dans la revue Nature, ce directeur de recherche a montré que l’utilisation d’immunothérapies à un stade très précoce, c'est-à-dire dès l’apparition de cellules précancéreuses, peut favoriser la prévention de la maladie.

Déjouer les mécanismes du système immunitaire

Déjà à l’origine des travaux ayant montré que la progression du cancer dépend entre autres de la présence et de la fonctionnalité des lymphocytes T dans le micro-environnement tumoral, l’équipe de recherche s’est ici intéressée à la réponse du système immunitaire au moment où apparaissent les cellules précancéreuses.

En effet, la réponse immunitaire s’active dès leur apparition, à des stades très précoces. Mais cette réponse immunitaire "s’accompagne simultanément de la mise en place de mécanismes chargés de la bloquer, permettant la progression du cancer", expliquent les chercheurs dans un communiqué. "Autant dire que quand le cancer survient, une bonne partie de la surveillance immunitaire mais aussi les mécanismes qui permettent de lui échapper sont déjà déroulés."

Tout l’enjeu est donc de comprendre comment fonctionne le système immunitaire au moment de l’apparition des cellules précancéreuses. Actuellement, la surveillance de lésions précancéreuses dans le cancer du poumon permet de les retirer si les médecins ont le moindre soupçon qu’elles soient à risque de donner un cancer.

Une réponse spécifique à chaque stade

Cette nouvelle étude montre qu’il est possible de cibler le système immunitaire pour lutter contre l’aggravation des lésions précancéreuses. Les chercheurs ont analysé 122 biopsies pulmonaires provenant de personnes fumeuses à risque de cancer. Elles présentaient tous les stades des lésions, précancéreuses et cancéreuses.

Pour chaque biopsie, ils ont étudié le système immunitaire dans le micro-environnement tumoral en procédant à une étude génomique des cellules présente. Ce travail leur a permis de caractériser la nature, la quantité et la disposition des différents acteurs immunitaires dans le micro-environnement tumoral à chaque stade pré-cancéreux et cancéreux. Ils ont ainsi pu comparer les trajectoires évolutives du cancer et de la réponse immunitaire et observer que le système immunitaire ne réagissait pas de la même manière.

Par exemple, à un stade extrêmement précoce du cancer du poumon, l’équipe a constaté une activation de cellules immunitaires locales et l’arrivée de lymphocytes T naïfs, c’est-à-dire non éduqués pour détruire spécifiquement les cellules anormales. En revanche, à un stade plus avancé, apparaissent des lymphocytes B et T spécifiques des cellules anormales et une mise en place de la réponse immunitaire mémoire. Mais cette activation s’accompagne aussi de l’apparition de points de blocage ("checkpoints"), ainsi que de cytokines suppressives, des molécules destinées également à bloquer la réponse immunitaire. "Cela signifie que le fonctionnement du système immunitaire est déjà altéré avant l’apparition du cancer à proprement parler", écrivent les chercheurs.

Pour l’équipe du Pr Galon, cette découverte est importante et pourrait avoir "à terme des retombées sur la prise en charge des patients". Non seulement parce qu’elle devrait permettre de "mieux prédire les risques d’évolution des lésions pré cancéreuses vers des cancers", mais aussi parce qu’il "semblerait que l’utilisation des immunothérapies destinées à lever les points de blocage immunitaire, les fameux checkpoints, pourrait être bénéfique aux patients à des stades précoces en prévention du cancer".

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