Maladie auto-immune du système nerveux central, la sclérose en plaques touche environ 100 000 personnes en France et 3 000 à 5 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année.
Deuxième maladie neurodégénérative après la maladie d’Alzheimer, elle est due à un dérèglement du système immunitaire. Lors des premiers stades de la sclérose en plaques, des cellules immunitaires s’infiltrent dans le système nerveux central situé dans le cerveau et s’attaquent aux gaines de myélines chargées de protéger les axones, c’est-à-dire les fibres nerveuses qui transmettent les signaux électriques entre les neurones.
Aujourd’hui, il existe sur le marché de nombreux médicaments immunomodulateurs qui ciblent les différents aspects inflammatoires de la sclérose en plaques. Mais, à mesure que la sclérose en plaques progresse, ces dommages s’accumulent, ce qui entraîne des déficits irréversibles. Peu à peu, les patients touchés par la maladie perdent donc l’usage de leurs membres, présentent des troubles de la vision, de la motricité et de la sensibilité. Et malgré des décennies de recherche, les scientifiques restent incapables de stopper la progression de la sclérose en plaques, car il n’existe toujours pas de traitement pour prévenir les dommages ou réparer les axones abîmés.
Le rôle d’un rétrovirus mis en lumière
De nouveaux travaux, cependant, pourraient relancer la recherche autour de la réparation des axones des neurones. Publiés dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), ils mettent en avant un nouveau mécanisme de détérioration des axones, qui pourrait, à terme, prévenir la progression de la maladie chez les patients atteints de sclérose en plaques progressive, une forme invalidante de la maladie marquée par une aggravation régulière des symptômes, généralement sans poussées distinctes ni périodes de rémission.
De précédentes recherches avaient déjà montré que la protéine d’enveloppe (ENV) d’un rétrovirus appelé rétrovirus endogène humain pathogène de type W (pHERV-W) pouvait jouer un rôle important dans la détérioration des gaines de myéline. Ces nouveaux travaux, réalisés par l’Université de Düsseldorf en Allemagne et en collaboration avec des chercheurs de Cleveland (États-Unis) et de Montréal (Canada) vont plus loin en démontrant que cette protéine ENV pousse les cellules du système nerveux central (appelées cellules microgliales) à entrer en contact avec les axones myélinisés et à les endommager.
Deux études cliniques très prometteuses
En plus de ces travaux, les chercheurs ont supervisé deux études cliniques visant à neutraliser cette enveloppe ENV nocive chez les patients atteints de sclérose en plaques progressive. Des participants se sont vu administrer un anticorps monoclonal chargé de neutraliser l’enveloppe ENV. Appelé Temelimab, il se lie spécifiquement à la protéine ENV du rétrovirus et bloque son activité dans le système nerveux central. Les deux essais ont été un succès puisque les IRM des participants ont révélé une réduction des lésions des tissus nerveux.
Ces résultats sont très encourageants même si les chercheurs doivent désormais démontrer si le traitement par Temelimab peut aussi améliorer les symptômes cliniques résultant de cette neurodégénération.