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Risque d'infections

90% des insectes présents dans les hôpitaux sont porteurs de bactéries nocives pour la santé

Par Charlotte Arce

Mouches, fourmis, pucerons, papillons de nuit, guêpes... Une nouvelle étude montre que 9 insectes présents dans les hôpitaux sur 10 sont porteurs de bactéries nocives, dont certaines sont résistantes aux antibiotiques.

Spotmatik/iStock

Dans les établissements hospitaliers, les potentielles infections viennent de vecteurs dont les patients n’ont pas forcément conscience.

Si ces derniers semblent désormais de mieux en mieux informés sur les infections nosocomiales qu’ils peuvent contracter lors d’un passage au bloc opératoire, nombreux sont ceux qui ignorent que des mouches et autres insectes volants présentent une réelle menace.

C’est en tout cas ce que démontre une nouvelle étude, publiée dans le Journal of Medical Entomology, qui a analysé le potentiel de transmission des insectes volants à l’hôpital. Selon ses auteurs, ces insectes transportent non seulement suffisamment de bactéries pour causer des infections, mais certaines sont aussi résistantes aux antibiotiques.

De potentiels vecteurs d'infections

Pour parvenir à cette conclusion, l’équipe de l’Université Aston, située au Royaume-Uni, a collecté pendant 18 mois 19 937 insectes volants dans différents espaces au sein de sept hôpitaux publics anglais, y compris les lieux de restauration, les unités néonatales et les maternités. La majorité des insectes recueillis (73,6%) étaient des mouches (diptères), mais les chercheurs ont aussi trouvé des pucerons, des papillons de nuit, des fourmis, des guêpes ou encore des coléoptères.

En procédant à leur analyse, les chercheurs ont pu constater que 9 insectes sur 10 étaient porteurs de bactéries pouvant causer des infections, notamment Escherichia coli (E. Coli), la Salmonelle – qui représentent 41% des souches étudiées - et le Staphylocoque doré (Staphylococcus aureus). Au total, 86 souches bactériennes différentes ont été découvertes sur les insectes, dont certaines sont à l’origine d’intoxications alimentaires, peuvent causer des infections cutanées, des abcès et des infections respiratoires.

Des bactéries résistantes aux antibiotiques

Plus inquiétant encore, les chercheurs ont découvert que 53% des souches isolées avaient développé une résistance à au moins une classe d’antibiotiques et que 19% avaient développé une multirésistance. De tous les antibiotiques testés, c’est la pénicilline qui s’est avéré le moins efficace, suivi par la vancomycine et la lévofloxacine.

"Les résultats de cette analyse microbiologique à grande échelle montrent qu'une variété d'insectes volants collectés dans des hôpitaux britanniques hébergent effectivement des bactéries pathogènes de différentes espèces", explique Federica Boiocchi, auteure principale et étudiante en doctorat de l'université Aston dans un communiqué de presse. La chercheuse insiste sur "la forte proportion de bactéries résistantes aux médicaments que l’on trouve" dans ces échantillons. "Cela nous rappelle de manière frappante à quel point notre utilisation excessive d'antibiotiques dans les établissements de santé rend les infections plus difficiles à traiter."

Co-auteur de l’étude, le Pr Anthony Hilton affirme que dans la majorité des cas, les patients ont peu à craindre des insectes car le risque "qu’ils soient porteurs de bactéries transférées aux patients est très faible". "Ce que nous disons dans ce document, c'est que même dans les environnements les plus propres, il est important de prendre des mesures pour empêcher les insectes d'introduire des bactéries dans les hôpitaux", conclut-il.