Coup de frein sur les dépenses de santé! Selon un document présenté le 27 juin et rendu public par l'AFP, l'Assurance Maladie préparerait un plan visant à réaliser 2,07 milliards d'euros d'économies en 2020 contre 2,01 milliards d'euros en 2019. Des mesures qui devraient freiner l'augmentation des dépenses de santé liées notamment au vieillissement de la population et à l'augmentation du nombre de malades chroniques dont la prise en charge est de plus en plus coûteuse.
Un impact sur la prise en charge des patients
Les mesures envisagées pourraient avoir un impact direct sur la prise en charge des patients. Il s'agirait notamment de limiter le plus possible le recours aux antibiotiques dont la surconsommation joue par ailleurs un rôle dans leur moindre efficacité. Le moyen d'action sur ce sujet passe par l'autorisation dont pourraient bénéficier dés 2020 les pharmaciens de réaliser un test diagnostic pour distinguer les angines virales des angines bactériennes, ces dernières étant les seules à justifier la prescription d'antibiotiques. L'Assurance Maladie considère en effet que ces tests ne sont pas suffisamment utilisés par les médecins généralistes. L'économie visée par cette action contre la surconsommation d'antibiotiques est de 75 millions d'euros.
Lutter contre le "gaspillage" des médicaments
Egalement dans la ligne de mire de l'Assurance Maladie, les prescriptions d'antalgiques dont la réduction devrait permettre d'économiser 55 millions d'euros. Et devraient s'ajouter à ces mesures la poursuite de la promotion des médicaments génériques avec un objectif de 45 millions d'économies ainsi qu'une limitation de la durée de prescription de certains médicaments ou dispositifs médicaux (par exemple les pansements) pour lutter contre le "gaspillage". L'Assurance Maladie affirme sur ce point que les professionnels feraient régulièrement le constat de "stocks de médicaments et de dispositifs médicaux accumulés au domicile des patients" et espère par son action aboutir à 75 millions d'euros d'économies.
Economies sur le transport des malades et les hospitalisations
Autres prescriptions sur lesquelles l'Assurance Maladie souhaite un effort, celles concernant le transport des malades, notamment un recours jugé trop systématique à l'ambulance. "La réalité conduit souvent à choisir un transport par ambulance car cette offre est plus simple à mobiliser", souligne le rapport de l'Assurance Maladie. L'objectif serait de substituer 10% des trajets réalisés en ambulance vers d'autres modes de déplacement avec à la clé des économies de 100 millions d'euros.
La prise en charge des patients pourrait aussi être impactée par le souhait d'atteindre 70% d'interventions réalisées en chirurgie ambulatoire en 2022 et par le développement des soins à domicile pour les patients dialysés ou qui doivent être suivis pour la cicatrisation de plaies chirurgicales (200 millions d'euros d'économies).
Contrôle accru pour les arrêts de travail
Parallèlement à ces mesures, l'Assurance Maladie rappelle qu'elle va poursuivre ses efforts sur les dépenses liées aux arrêts de travail en amplifiant le contrôle des médecins détectés comme délivrant un nombre supérieur à la moyenne d'arrêts maladie et en surveillant davantage les entreprises dans lesquels le nombre de ces arrêts maladie est particulièrement élevé. Enfin, l'Assurance Maladie prévoit de rester très vigilante sur l'attribution de prestations sous condition de ressources comme la CMU.
La présentation de ces piste d'économies intervient deux semaines après la publication le 11 juin du rapport annuel de la commission des comptes de la Sécurité Sociale indiquant que les comptes de la Sécu qui étaient attendus cette année à l'équilibre pour la première fois depuis dix-huit ans devraient replonger dans le rouge avec un déficit attendu qui se situerait entre 1,7 et 4,4 milliards d'euros.