Dans le monde, entre 2 et 4% de la population serait atteinte de fibromyalgie, un syndrome douloureux chronique qui touche les deux côtés de la colonne vertébrale et entraîne souvent des raideurs musculaires. Outre la douleur physique, les patients souffrent de troubles de sommeil et d’une fatigue permanente, ce qui affecte grandement leur concentration et donc leur qualité de vie.
Si cette maladie est largement médiatisée depuis que Lady Gaga a révélé en être atteinte il y a deux ans, son origine reste floue, ce qui la rend très difficile à diagnostiquer. Toutefois, des chercheurs ont aujourd’hui franchi une nouvelle étape dans la compréhension de cette affliction. D’après une étude canadienne parue en juin dans la revue PAIN, le microbiome intestinal des malades serait différent de celui des autres.
Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs ont étudié 77 femmes souffrant de fibromyalgie et 79 autres participants. En analysant des extraits de leur ADN, "nous avons découvert que la fibromyalgie et ses symptômes contribuent plus que n’importe quels autres facteurs aux variations que nous observons dans le microbiome des malades", explique l’auteur principal de l’étude, Amir Minerbi, de l’Université McGill. "Nous voyons également que la sévérité des symptômes des patients est directement corrélée à une présence augmentée ou une absence prononcée de certaines bactéries. Quelque chose qui n’avait jamais été rapporté auparavant", se félicite-t-il.
Ainsi, si les chercheurs ont observé la même population et diversité de bactéries dans le microbiome intestinal de tous les participants, leurs niveaux différaient selon qu’ils étaient malades ou pas. Dans le détail, 19 espèces différentes de bactéries, dont plusieurs déjà associées à des problèmes intestinaux tels que des réactions inflammatoires, ont été découvertes en plus ou moins grandes quantités chez les malades.
L’apprentissage automatique pour diagnostiquer la maladie
Les scientifiques ignorent encore si les changements dans les bactéries intestinales sont induits par la maladie ou au contraire la provoquent. Toutefois, établir la composition du microbiome intestinal est une étape importante dans la compréhension de la maladie. "Nous avons utilisé toute une série de techniques, dont l’intelligence artificielle, pour confirmer que les changements observés dans les microbiomes des patients atteints de fibromyalgie n’étaient pas induits par des facteurs tels que l’alimentation, les médicaments, l’activité physique ou encore l’âge", précise Minerbi qui va maintenant essayer de comprendre si ces modifications ont un impact sur la douleur chronique.
Dans cette étude, l’apprentissage automatique a correctement diagnostiqué la fibromyalgie dans 87% des cas. Très intéressant étant donné qu’aujourd’hui il n’existe aucun examen pour identifier la maladie. Le diagnostic se fait à partir de symptômes rapportés par le patient lui-même.
"Le diagnostic se fait par élimination et il est très important qu’il soit bien réalisé, d’abord pour ne pas passer à côté d’une autre maladie bien identifiée, et ensuite pour croire le malade et pouvoir répondre à ses questions sur la fibromyalgie, l’apaiser autant que possible-ce qui n’est pas simple puisqu’on lui explique qu’actuellement on ne sait que très peu prendre en charge cette maladie", explique l’association Fibromyalgie France au site Handirect.
Les bienfaits de l'activité physique
A l’heure actuelle, en plus des traitements médicamenteux, les malades se voient parfois proposer des programmes d’éducation thérapeutiques pour leur aider à gérer la fibromyalgie et le stress qu’elle engendre. Par ailleurs, "il est reconnu que l’activité physique est la meilleure prise en charge pour les fibromyalgiques. On ne parle pas forcément de sport, mais avant tout de mouvements et ensuite des activités douces pour ceux qui le souhaitent (Tai chi, Qi kong…). Il semblerait que quand on occupe le cerveau avec une activité physique, celui-ci va en quelque sorte se détourner de la douleur, fixer l’attention sur l’activité et faire céder la douleur peu à peu", explique Fibromyalgie France, évoquant également l’utilité des cures thermales pour soulager les malades. Celles-ci sont toutefois souvent très chères et mal remboursées.