"Mange du fer, tu seras plus fort". Nous avons tous et toutes en tête l’image de Popeye, ce personnage de fiction masculin tout en muscles qui ne jure que par les épinards. Mais il se pourrait que l'ecdystérone, un composant que l'on retrouve dans les épinards, soit à l'origine de la gonflette (et non le fer).
Chez le rat, les effets de l'ecdystérone sur la masse musculaire et l'augmentation des performances sportives, se sont avérés encore plus efficaces que ceux de certains agents anabolisants interdits par l'Agence mondiale antidopage (AMA), comme la métandiénone. Cependant, les études scientifiques chez l'homme sont très rarement accessibles.
C’est la raison pour laquelle des chercheurs de la Freie Universität Berlinin (Allemagne) ont réalisé des travaux sur des cohortes d'individus. "Notre projet visait à étudier les effets des produits contenant de l'ecdystérone sur l'exercice sportif humain", expliquent les auteurs. L’étude a été menée sur un petit échantillon de 46 hommes et publiée en mai dernier dans la revue Archives of Toxicology.
Les volontaires ont été répartis en plusieurs groupes : l'un a reçu de l'ecdystérone sous forme de complément alimentaire, le deuxième une dose placebo. Tous s’entraînaient depuis au moins un an. Ces derniers ont été, dans le cadre de l’étude, invités à réaliser pendant dix semaines des exercices aux haltères, comme l’entraînement sur banc de musculation, le squat ou le soulevé de terre. Des analyses d'échantillons de sang et d'urine ont également été prélevés afin de détecter la présence d'ecdystérone et de biomarqueurs susceptibles d'améliorer les performances sportives.
Une substance dopante
Les hommes du groupe qui ont pris le supplément ont augmenté leur masse musculaire de 1,5 et 2 kilogrammes en fonction du dosage (respectivement 200 mg et 800 mg) ainsi que leur performances, en particulier lors des exercices d’haltères sur banc de musculation. Aucune augmentation des biomarqueurs de la toxicité hépatique ou rénale n'a été observée.
"Nos résultats suggèrent fortement l'inclusion de l'ecdystérone dans la liste des substances et méthodes interdites dans les sports de la classe S1.2 et autres agents anabolisants", concluent les auteurs de l’étude qui ne s’attendaient pas à une hausse si importante des performances.
Malgré la petite taille de son échantillon et le fait qu'elle ait été menée exclusivement sur des hommes, l'étude bénéficie du soutien de l'AMA.