Les personnes qui souffrent de troubles de l’alimentation comme la boulimie et l'anorexie développent des signes avant-coureurs, selon une nouvelle étude. Au cours des 2 années précédant leur diagnostic, les chercheurs ont démontré que les malades souffraient le plus souvent de troubles mentaux (anxiété, dépression) et de troubles addictifs (alcool, drogue, tabac..). Ils avaient également plus d’accidents ou de blessures dues à l’automutilation, prenaient plus de médicaments gastro-intestinaux (constipation, maux d'estomac) et de suppléments diététiques (multivitamines, fer) et consommaient des taux plus élevés d’antipsychotiques et d’antidépresseurs.
Identifier rapidement des troubles de l'alimentation
Par conséquent, rechercher ces facteurs de risque pourrait aider les médecins à identifier rapidement des troubles de l'alimentation en train de s’installer ou à venir. Le Dr Tan, pédopsychiatre, déclare : "je ne saurais que trop insister sur l'importance de la détection précoce des troubles de l'alimentation. Les retards dans le diagnostic et le traitement sont malheureusement fréquents. Ils sont associés à de grandes souffrances et à de moins grandes chances de guérison".
La cohorte de la recherche comprenait 15 558 personnes du Pays de Galles souffrant de troubles de l'alimentation. De toutes les maladies mentales, les troubles de l'alimentation sont ceux qui entraînent le taux de mortalité le plus élevé, lié aux problèmes physiques et aux suicides.
Plusieurs dizaines de milliers de personnes sont concernées
Selon les statistiques, 5 à 6% de la population française en serait atteinte. Dans la pratique, les chiffres sont beaucoup plus alarmants. Des études récentes évaluent à 20% ces désordres (avec une fréquence plus élevée chez les étudiants : 22%). Ce sont donc plusieurs dizaines de milliers de personnes qui sont concernées.
Le plus souvent, on associe aux troubles des conduites alimentaires les notions d'anorexie mentale ou de boulimie. En réalité, les formes de TCA sont plus variées (orthorexie, Pica, phobies, formes mixtes...). L'anorexie mentale ne concerne que 10% des TCA. Il s'agit d'un surcontrôle du poids et de l'alimentation qui conduit à un amaigrissement, avec souvent des angoisses associées (peur de grossir, de vomir, d'étouffer, de manger un aliment toxique, malsain ou sans traçabilité ...).
La boulimie (30% des TCA) s'apparente à une perte de contrôle de son alimentation caractérisée par des compulsions. La peur de grossir incite alors aux régimes successifs, à l'usage de laxatifs ou de diurétiques, aux vomissements provoqués ou aux jeûnes (des symptômes anorexiques et boulimiques associés peuvent aussi se manifester).