Des personnels de maisons de retraite Ehpad et de services d'aide à domicile se sont rassemblés devant le ministère de la Santé, à Paris et les Agences régionales de Santé (ARS), lundi 1er juillet. D'autres, restés auprès des personnes âgées dont ils s'occupent, se sont munis d'un brassard pour montrer leur soutien aux grévistes.
Manque de moyens et de personnels
D'une même voix, ils réclament plus de moyens et de meilleures conditions de travail. "Nous demandons que l'État prenne ses responsabilités", a déclaré à Europe 1 Pascal Champvert, président de l'Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA). "Cette situation n'a que trop duré. Nous ne passons pas assez de temps auprès de nos aînés, qu'ils vivent à domicile ou en établissement".
Manque de moyens, pénurie de personnels, notamment pour remplacer ceux partis en congés... Malika Belarbi, aide-soignante en Ehpad et responsable au sein de la branche "santé" de la CGT qualifie, auprès de France Info, "la situation" de "dramatique". "On est tous, vraiment tous, que ce soient les personnes âgées et les soignants, en souffrance". Les personnels soignants enchaînent les heures, souvent au détriment de leur santé et ne sont pas assez nombreux pour s'occuper correctement des seniors, notamment en période de canicule. Les accidents du travail sont d'ailleurs plus nombreux dans ce secteur que dans le BTP.
Les conséquences de l'accroissement démographique
Et l'avenir n'est pas tout rose. L'explosion démographique suggère en effet que le nombre de personnes âgées de plus de 85 ans sera multiplié par 3,2 en 2050 (4,8 millions de personnes) et que 2,2 millions d'entre elles seront en situation de dépendance. En mars dernier, Dominique Libault, président du Haut Conseil du financement de la protection sociale, a rendu au Premier ministre, un rapport contenant 175 propositions pour pallier le manque à venir, parmi lesquelles, la création de 80 000 emplois supplémentaires dans ce secteur.
Car le gouvernement se dit attentif. En mai 2018, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a rendu publique sa feuille de route "grand âge et autonomie" avec pour objectif d'améliorer l'accompagnement des personnes âgées. "Face au défi du vieillissement, il y a une attente forte. C'est mon devoir et celui des pouvoirs publics de préparer l'avenir et de donner le cap, pour que nous puissions maintenir une place juste et digne de nos aînés à nos côtés", avait-elle déclaré en préambule. La ministre avait donc annoncé le déblocage de 360 millions d'euros supplémentaires sur trois ans pour le recrutement de personnels dans les Ehpad.
L'urgence de créer des emplois
Mais un an plus tard, les personnels soignants tirent la sonnette d'alarme. Dans une interview accordée au Parisien, Pascal Champvert insiste sur l'urgence de la situation : "Edouard Philippe a promis une loi pour 2020. Mais on ne va pas attendre 2021 les premiers possibles effets. Le rapport Libault préconise la création de 80 000 emplois dans notre secteur. Tout le monde est d'accord sur le constat, maintenant il faut y aller ! Les personnels sont à bout. Les burn-out se multiplient (...) Il nous faut deux emplois par structure, soit 20 000 emplois pour les 10 000 établissements d'accueil et 20 000 emplois pour les 10 000 services à domicile, dont le modèle est devenu insoutenable".
Et d'argumenter : "En 2006, Dominique de Villepin, Premier ministre, a promis huit professionnels pour dix seniors en 2012. On est en 2019 et l'Etat s'enorgueillit que l'on soit passé de cinq à six ! Pour faire face au défi du vieillissement, de la perte d'autonomie, il faut un taux de dix pour dix".