On peut aujourd'hui vivre longtemps avec le VIH. Mais aucune des thérapies utilisées ne débarrasse le corps du virus. Elles se limitent à prévenir le développement du Sida. Des travaux menés sur la souris et publiés dans Nature Communications relancent pourtant l'espoir de trouver un traitement permettant de guérir les porteurs du VIH.
Cette avancée repose sur une séquence de deux traitements administrés conjointement. Le premier traitement est une forme de thérapie antirétrovirale à libération lente et à action prolongée (LASER). Le second implique l'élimination de l'ADN viral à l'aide d'un outil d'édition de gène appelé CRISPR-Cas9.
Le virus éliminé chez près d'un tiers des rongeurs infectés
Les chercheurs ont testé cette approche en deux étapes dans un modèle murin, c'est à dire chez la souris, du VIH humain. "Parmi les souris ayant reçu une thérapie antirétrovirale LASER suivie d'un montage génétique, le virus a été éliminé des réservoirs de cellules et de tissus chez près d'un tiers des rongeurs infectés", affirment les auteurs de l'étude.
Mais ils précisent que c'est bien la combinaison de ces deux étapes qui apporte ces résultats prometteurs : chez les souris traitées seulement par thérapie antirétrovirale LASER comme chez celles traitées uniquement par édition de gène, ils ont enregistré un rebond viral chez 100% des animaux infectés ! "Le grand message de ce travail est qu'il faut à la fois CRISPR-Cas9 et la suppression du virus par une méthode telle que LASER administrée conjointement afin de guérir de l'infection par le VIH", insiste le Pr. Kamel Khalil, auteur principal de l'étude.
Parvenir à supprimer toutes les traces du VIH
Comment décrypter cette nouvelle approche ? Les personnes séropositives qui suivent un traitement antirétroviral peuvent vivre longtemps en bonne santé mais leur corps n'est pas débarrassé du VIH et elles doivent prendre ces médicaments à vie pour prévenir le développement du Sida. En effet ces traitements empêchent le virus de se répliquer mais ne l'éliminent pas. De même une étude menée en 2017 par le Pr. Khalil a montré que l'utilisation de CRISPR-Cas9 réduisait considérablement la charge virale mais sans parvenir à supprimer toutes les traces du VIH.
L'objectif de la nouvelle étude était donc de voir si la thérapie antirétrovirale LASER était capable de supprimer suffisamment longtemps la réplication du VIH pour que l'outil d'édition de gène CRISPR-Cas9 ait le temps de débarrasser complètement les cellules de l'ADN viral. Ces travaux sur la souris "ouvrent la voie à des essais sur des primates puis à des essais sur des patients humains d'ici un an".