Ca y est, les vacances d’été sont enfin arrivées et des milliers de Français s’apprêtent à prendre l’avion pour échapper à leur quotidien en vue de destinations plus exotiques. Mais pour nombre d’entre eux, le voyage ne sera pas une partie de plaisir. En effet, d’après un sondage réalisé l’été dernier par le site Voyages Pirates, 56% des Français ont peur de l’avion. Et si pour certains, il s’agit d’une légère angoisse au moment du décollage ou de l’atterrissage, pour d’autres il s’agit d’une véritable phobie. D’où vient-elle et comment y faire face ?
La peur de l’avion, aérodromphobie de son nom savant, peut puiser ses sources dans de simples souvenirs désagréables. Ainsi, l’expérience de complications avant ou après le trajet en avion (retard de vol ou de RER pour aller à l’aéroport, grèves, bagage perdu… la liste est longue) peut entraîner une anxiété du départ, qui ne cessera de grandir au fil des voyages.
A cela pourra s’ajouter de la claustrophobie ou la sensation terrifiante de manquer de contrôle une fois dans les airs. Passif, assis sur un siège pendant des heures, on met sa vie entre les mains du pilote, un parfait inconnu que l’on ne voit même pas. Et on a beau se répéter en long en large et en travers que les statistiques jouent en notre faveur (un accident d'avion mortel pour 2,54 millions de vols), voler n’est pas naturel pour l’homme, se répète le cerveau, persuadé que s’il y a un problème, la seule issue possible est la mort. La couverture médiatique faites aux crashs n’arrange bien évidemment rien. Ainsi, votre amygdale, partie du cerveau qui gère l’émotion, vous envoie les signaux d’un danger important, explique le site du Centre de Traitement de la Peur de l’Avion (CTPA).
Les simulateurs de vol, technique très populaire pour mieux comprendre l’avion
Mais pas de panique, cette phobie n’est pas une fatalité. A condition d’affronter le problème et de lui consacrer le temps nécessaire, l’aérodromphobie est l’une des peurs dont les patients guérissent le mieux, assurent les spécialistes. Il s’agira tout d’abord d’engranger le plus de connaissance possibles sur l’aéronautique. "La peur vient souvent de l’inconnu. La plupart des gens ne savent pas comment vole un avion et cela les angoisse. Je suis persuadée que la peur diminue avec la connaissance", explique au Figaro Marie-Claude Dentan, psychologue à la retraite et cofondatrice du centre Antistress d’Air France.
Une fois ces connaissances engrangées dans votre cerveau, il vous faudra appliquer des techniques cognitives pour rallumer le cortex et apaiser l’amygdale en folie. Pour ce faire, vous pouvez par exemple utiliser un simulateur de vol pour vous mettre en situation dans le cockpit. "En tant que passager, lorsque l’on comprend pourquoi le pilote fait des virages ou que l’on sait ce qu’il fait pendant les turbulences, la situation devient beaucoup plus facile à accepter", explique le CTPA qui organise des stages dans plusieurs villes françaises et européennes pour la somme de 430 euros.
Réguler son rythme cardiaque
Pour 250 euros de plus et dans cette même logique de banaliser autant que possible l’environnement mystérieux que peut être l’avion, le centre Antistress d'Air France propose lui aussi deux heures de simulateur de vol. Ces dernières font suite à un entretien personnalisé avec un psychologue et à une rencontre avec des membres de l’équipage qui vous donneront des cours théoriques sur l’avion. D’autres spécialistes recommandent quant à eux d’effectuer des vols réels afin de mieux prendre conscience du phénomène.
Toutefois, il existe bien heureusement des techniques beaucoup moins onéreuses. "Bien dormir les jours précédant le voyage, essayer d’avoir un trajet agréable avant le vol en évitant les environnements stressants comme le RER. On peut également aller se promener dans l’aéroport quelques jours avant pour se confronter au lieu. Et surtout, il est important de jouer carte sur table en prévenant le personnel de bord de sa peur", explique au Figaro Christophe Bagot, psychiatre spécialiste des troubles anxieux.
Velina Negovanska, psychologue spécialiste de la gestion du stress, coauteure du livre Je n’ai plus peur de l’avion! et fondatrice du CPTA propose quant à elle des exercices de respiration pour contrôler son rythme cardiaque et donc réguler son stress de façon autonome.
Affronter sa peur bien en amont du départ
Et si vous privilégiez la thérapie aux stages, n’attendez pas la dernière minute pour espérer résoudre votre phobie. "En 10 jours il est impossible de faire des miracles. Cela nécessite une thérapie d’environ 10 mois. Car si on reste en surface, il y a un risque de rechutes", explique Christophe Bagot.
Mais il arrive malheureusement qu’à l’approche d’un départ, la thérapie n’ait pas eu le temps de porter ses fruits et que le patient soit victime d’une peur complètement paralysante. Le spécialiste recommande alors un traitement anxiolytique léger à prendre de façon ponctuelle lors du trajet. A ne pas mélanger avec de l’alcool bien évidemment.